La Fausse Celtique
Livres / Critique - écrit par Lestat, le 03/05/2005 (
Un homme en slip est retrouvé mort en Bretagne. Voila qui tombe bien, le commissaire Guillaume Suitaume, tout fraîchement sorti de la ténébreuse affaire des Suppôts de Sitoire, tente justement d'y prendre ses vacances, cerné qu'il est par des problèmes familiaux. Bombardé consultant, il va découvrir que cette affaire est moins anodine que prévue. Car entre autre chose, l'homme mort n'a pas d'ADN...
Il revient et l'Almanach Vermot n'a qu'a bien se tenir ! Après nous avoir bien fait rire avec son précédent roman (voir plus haut), Gordon Zola nous en remet une couche avec La Fausse Celtique, polar comme de juste à haute teneur en calembours. Ecrasant vaguement les pieds de Grangé, on pensera à la structure narrative du très sérieux Les Rivières Pourpres, où deux affaires finissent par se rejoindre, Zola ré-applique littéralement la même méthode : des jeux de mots en rafale, des considérations échevelées et les désormais traditionnelles prises à partie des lecteurs. Si ça marche une fois, pourquoi pas deux ? C'est un peu le problème de ce roman qui perd beaucoup à faire de la redite. Pourtant, la Fausse Celtique, loufoque jusque dans son sujet, avait de quoi s'imposer. Même si malgré son patronyme, Gordon Zola ne fait pas vraiment de la grande littérature, un roman mêlant ésotérisme, paranormal, belles femmes et l'Inspecteur Derrick ne pouvait pas être mauvais. Mais si l'ensemble se tient plutôt bien, rien d'aussi accrocheur que les Suppôts de Sitoire. La faute également à un style, avant impeccable, devenu mystérieusement plus haché, limite désagréable. Pire que tout, l'auteur prend la mauvaise manie de balancer des phrases sans sujets, une constante que l'on retrouve curieusement chez Richard Jones, chez le même éditeur. Si c'est du hasard, il fait mal les choses...
Alors, mauvais roman d'un écrivain cédant à la facilité ? Oui et non, car dans un sens, la déception est plus grande que le ratage. En lui même, La Fausse Celtique sans être génial n'est pas dépourvu de qualités. L'intrigue est bien menée, les calembours oscillent entre le joli et le foireux sympa, le sous-entendu sexuel n'est pas absent et la présence de Morts Vivants ne peut que faire plaisir à votre serviteur. Mais à arriver après Les Suppôts de Sitoire avec une recette identique, il ne peut que se tirer une balle dans le pied. Il y a des concepts qui gagnent à rester orphelins, surtout dans le registre humoristique. A refaire les mêmes blagues, il y a risque de tomber dans la lourdeur.
Si la Fausse Celtique se lit plutôt bien, le roman laisse l'impression amer de s'être fait avoir. Pas de chance pour Gordon Zola qui bien que visiblement sympathique s'enferme dans une mécanique qui ne résistera que difficilement à une troisième fournée. Ne le déclarons toutefois pas perdant, espérons qu'il nous prouve le contraire avec son prochain, Nom de Code, le Dada de Vinci. Et si.