7/10L'école du soir

/ Critique - écrit par hiddenplace, le 08/09/2010
Notre verdict : 7/10 - Le sommeil buissonnier (Fiche technique)

Elzbieta accompagne dans L'école du soir les plus petits sur le chemin escarpé du repos tant mérité. Histoire simple et porteuse, illustrée avec douceur et chaleur grâce aux petits éléments en volume, qui saura toucher sa cible sans difficulté.

Ces temps-ci, alors que le rythme trépidant de la rentrée prend doucement racine dans les emplois du temps des petits et des grands, avouons que la mise au lit de nos bambins présente un challenge de taille. Rappelons à toutes fins utiles que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures confitures, aussi optons pour un geste plutôt rapide et efficace, mais également un joli moment de partage entre adulte et enfant : la lecture d'une bonne vieille histoire avant de confier Junior(ette) aux bras de Morphée. Et le petit album que nous découvrons de ce pas semble justement être l'objet tout désigné pour l'occasion.

Illustration d'Elzbieta
Illustration d'Elzbieta
issue de L'école du soir, Le Rouergue, 2010
Bien heureusement, cette fameuse Ecole du soir n'existe que dans ce livre, on a déjà tous bien assez à faire avec une école de la journée. Mais quand on est la cible - à savoir les tout petits - de ce récit, il est encore possible d'apprendre un peu avant de fermer ses petits yeux, de s'identifier, ou au contraire de se distancier. L'auteure/ illustratrice Elzbieta (
Hocus Pocus) a donc choisi de mettre en scène les éternels pendants des enfants : les animaux, dans une école imaginaire où la Lune incarnerait la maîtresse. Une aubaine toute appropriée pour coucher noir sur blanc les inépuisables questionnements des plus jeunes, et valoriser leurs propres réponses et progrès croissants. A travers un échange qui pèle mêle oppose la Lune à l'éléphant, l'autruche, l'araignée, l'escargot et bien d'autres encore, on s'interroge sur ce qu'est un bébé, sur ses vêtements (la couche), les raisons de ses pleurs (il a faim), ses jeux et curiosités.

On imagine qu'une majorité de petits lecteurs à qui s'adresse l'album, déjà propres et fréquentant l'école des « grands », a dépassé la plupart des stades dépeints et questionnés dans L'école du soir. Ainsi pouvoir répondre eux-même aux questions des animaux sur les bébés peut être un moyen ludique de valoriser ce qu'ils sont devenus : ils ne sont plus des bébés, ils ont grandi. Elzbieta, sur un ton poétique et par des mots simples empruntés directement au registre enfantin, tisse une histoire qui ne s'éternise pas trop, parfaite donc pour accompagner le chérubin vers le sommeil. Elle fait défiler des animaux très divers, permettant ainsi d'enrichir quelque peu le vocabulaire animalier. Et au passage, elle glisse également quelques règles de vie simples (les bébés ne mordent pas) ou appuie inconsciemment la différence entre bébé et jeune enfant (le port de la couche caractérise les bébés uniquement, sous-entendu pas les plus grands). La chute, joliment formulée, confirme l'objectif premier de ce livre : après l'histoire promise et sa ribambelle de questions épineuses, la nuit est le moment où, enfin, les bébés (et mêmes les plus grands) doivent dormir.

illustration d'Elzbieta
illustration d'Elzbieta
issue de L'école du soir, Le Rouergue, 2010
Elzbieta, comme dans Hocus Pocus, fait la part belle à un esprit créatif personnel et joyeusement plastique : elle opte dans cet album pour le volume, en modelant ses petits personnages et décors en argile, et les animant sur la texture lézardée de planches de bois. Le graphisme général aux teintes brunes et ocres agrémentées de coloris naturels légèrement plus vifs, donne une chaleureuse atmosphère terrienne et sécurisante à l'ensemble. L'utilisation de l'argile est même parfaitement appropriée au thème, par son côté charnel et son traitement doux et rondouillard, elle s'approche subtilement de l'usage qu'en font souvent les enfants, et les invitent même, le cas échéant, à mettre la main à la pâte eux aussi.

 

Après s'être adressée à un public plus âgé bercé de légendes fantastiques dans Hocus Pocus, Elzbieta accompagne cette fois-ci les plus petits sur le chemin escarpé du repos tant mérité. Histoire simple et porteuse, illustrée avec douceur et chaleur grâce aux petits éléments en volume, elle saura toucher sa cible sans difficulté, avant que celle-ci ne retrouve, délassée, l'autre école : celle de la journée.