5.5/10Les Cils du loup et autres contes de la nuit

/ Critique - écrit par Kei, le 06/09/2007
Notre verdict : 5.5/10 - Ceci n'est pas un commentaire de note (c) Magritte (Fiche technique)

Bien moins agréable que son prédécesseur dans la même collection, ce recueil de contes se lit assez péniblement. A prendre en petites doses et à réserver aux plus jeunes.

On trouve depuis peu chez les éditions Panama de petits livres à la reliure pseudo classieuse (nous y reviendrons plus tard) sous-titrés "et autres contes X", X étant un qualificatif quelconque qui définit le thème autour duquel vont tourner les contes du présent recueil. Après le très surprenant et très agréable
Le Marchand de pets parfumés et autres contes inconvenants, c'est au tour des Cils du loup et autres contes de la nuit d'arriver dans nos mains.

Contrairement à son prédécesseur, ce recueil ne se veut pas impertinent. Les contes présentés sont tous inconnus du grand public (et clairement inconnus d'un très grand nombre de personnes) mais leur ton est bien plus classique. La diversité des origines de ces contes et les différences qui en découlent ne suffisent pourtant pas à captiver le lecteur comme l'avaient fait les histoires du recueil précédant.

Leur force est également leur principale faiblesse. Les contes ne sont pas faits de la même manière suivant les pays et les cultures. Si le fond change, c'est surtout sur la forme que l'on note les plus grosses différences. Le conte européen traditionnel commence par "il était une fois", continue avec une histoire dans laquelle les gentils et les méchants sont très clairement identifiés et se termine, parfois bien, parfois mal, mais se termine toujours dans une sorte de moment fort, de sublimation de l'histoire. Une mort tragique ou un beau mariage, peu importe. L'histoire se clôt. Ce n'est pas le cas de la plupart de celles des contes présentés ici. Si l'on apprécie à leur juste valeur la finesse de ces romans où même les héros sont très discutables, on ne peut que déplorer leur fin qui tombe à plat. La différence est tellement frappante que l'on peut discerner les contes ouest-européens des autres en ne tenant compte que de leur fin. En tournant la dernière page de chaque conte ou presque, on ouvre systématiquement de grands yeux, se demandant où le conte voulait en venir. Ces fins en queue de poisson détruisent en un rien de temps tout ce qu'on avait pu apprécier dans le conte.

Le lecteur adulte se console en tentant de deviner de quel pays le conte est originaire. Mais si ce petit jeu est sympathique quelques instants, il fini vite par lasser. Et on arrive à s'ennuyer ferme devant ce petit livre. On pourrait arguer en disant que ces contes sont faits pour des enfants, mais le sont ils vraiment ? Ils sont faits pour des petits enfants du monde, tous habitués à une tradition orale différente. Si un adulte est déstabilisé par une histoire, comment réagira un enfant habitué à des histoires souvent simplifiées ? Sans vouloir mettre en cause ce que peuvent appréhender nos chères têtes blondes, il faut être lucide. Ces contes n'ont rien d'histoires que l'on lit avant d'aller se coucher. Ni d'histoires que l'on partage avec sa moitié. Ni d'histoires qui nous rappellent qu'on n'a pas perdu son âme d'enfant. Elles sont bien racontées, mais leur contenu n'est pas vraiment extraordinaire. Pour toutes ces choses, jetez un oeil du coté du Marchand de pets parfumés et autres contes inconvenants.

Dans un toute autre registre et pour conclure, la qualité du livre est la même que celle du livre sus-cité. l'impression et le papier sont agréables, mais la couverture cartonnée noire est décidément trop "cheap". L'idée de mélanger des arabesques très traditionnelles avec une impression fluo sur un support rappelant une vieille reliure était une bonne idée, décalée et surprenante, très en accord avec l'esprit de cette mini-collection. Mais le manque de soin vient gâcher la fête. Dommage. Dommage pour l'édition comme pour le livre.