8/10Le Vieux qui lisait des romans d'amour

/ Critique - écrit par Danorah, le 11/09/2007
Notre verdict : 8/10 - Un amour de roman (Fiche technique)

Un roman qui a connu un immense succès, auprès du public comme auprès de la critique. Un roman très court, mais très fort, plein de poésie et lourd de sens.

Le vieux qui lisait des romans d'amour est le premier roman de Luis Sepúlveda. Un premier roman qui a connu dès sa sortie un immense succès, auprès du public comme auprès de la critique. Un premier roman très court, mais aussi très fort, sous ses airs de ne pas y toucher. Un premier roman plein de poésie et lourd de sens.

A roman court, critique courte. Inutile de gloser pendant des heures sur ce petit roman qui se dévore d'une traite et qui délivre son message avec une limpidité que seul égale le doigté de l'écrivain. Si les mots « délicatesse » et « simplicité » n'existaient pas, c'est pour qualifier ce récit qu'ils auraient dû être inventés. L'histoire, en effet, est on ne peut plus squelettique : un groupe d'habitants d'El Idilio, petit village péruvien situé au bord de la forêt amazonienne, découvre un cadavre humain - le corps d'un « gringo » vraisemblablement tué par une ocelote dont il aurait assassiné les petits pour s'emparer de leurs peaux. L'ocelote, folle de douleur, s'attaque alors aux hommes et met en danger le petit groupe d'habitants. « Le vieux » dont il est question dans le titre du roman, fort de son expérience de la forêt, est alors chargé par le maire de retrouver l'ocelote et de l'exécuter.

Entre flash-backs relatant la vie d'Antonio José Bolivar (son départ d'Espagne avec sa femme, la mort de celle-ci, sa vie parmi une tribu d'indigènes, sa rencontre avec les romans d'amour...) et scènes de traque dans la jungle, le récit se construit tout doucement, avec nonchalance et sans s'appesantir plus que nécessaire sur des scènes qui parlent d'elles-mêmes. La barbarie des hommes qui s'installent sur ces terres sans connaître ni respecter la nature qui les environne, l'harmonie paisible, au contraire, dans laquelle vivent les Shuars, tout cela se passe de longs discours. Antonio José Bolivar et son goût pour les romans d'amour apportent une touche un peu fantaisiste et poétique au récit, tandis que le personnage du maire, profondément incompétent, se charge de l'aspect burlesque.

Le vieux qui lisait des romans d'amour tire toute sa force de l'excellente idée qu'a eue Luis Sepúlveda de ne point trop en faire, laissant au lecteur le soin d'effectuer lui-même le cheminement intellectuel que le récit amorce, et ouvrant ainsi la porte à un univers presque fantastique, coloré et vivant. Un héros aussi imparfait qu'humain, des petits plaisirs de la vie et une nature majestueuse et parfois cruelle, voilà ce que dépeint l'auteur, avec une chaleur et une simplicité plus qu'enchanteresses : envoûtantes.