Les Annales du Disque-Monde - Tome 12 - Mécomptes de fées
Livres / Critique - écrit par nazonfly, le 20/11/2009 (Il était une fois une princesse qui ne devait pas se marier avec un prince. Grâce à sa marraine fée, elle parvint à réussir un très beau non mariage.
Il était une fois sur une planète plate comme une limande qu'aurait écrasée un rouleau-compresseur, une sorcière. Cette sorcière s'appelait Désidérata Lacreuse, était aveugle et jouissait du don de double vue, ce qui permet notamment de s'excuser de ne pas venir à un sabbat pour cause de mort.
Il était une fois sur une planète plate comme un bateau à fond plat, une sorcière. Cette sorcière s'appelait Magrat Goussedaille et avait l'esprit ouvert. Le genre d'esprit d'ouvert à tous les vents et qui ne demande qu'à être rempli d'un maximum de fadaises.
Il était une fois sur une planète plate comme une planche à pain qu'on aurait rabotée, une sorcière. Cette sorcière s'appelait Nounou Ogg et était spécialiste en chansons paillardes, et pus particulièrement la célèbre Chanson du hérisson. Comme toute bonne sorcière, elle avait son animal familier, un vieux chat retors et obsédé sexuel répondant au délicat nom de Gredin.
Il était une fois sur une planète plate comme l'humour de la Mort, une sorcière. Cette sorcière s'appelait Mémé Ciredutemps et n'était pas faite du même bois que Magrat et Nounou, même si toutes trois flottaient. Têtue et revêche, elle était assurément la plus coriace du Disque Monde.
Dans ce conte défait, Désidérata, qui décidément voyait loin, confia sa baguette magique à Magrat en précisant que le mariage entre la jeune Illon Saturday et le prince de Genua devait être empêché et surtout que Mémé et Nounou ne devaient pas s'en mêler. Le meilleur moyen pour que celles-ci se mêlent justement de cette histoire.
D'un commun accord et chevauchant leurs balais plus ou moins récalcitrants, les trois sorcières, que l'on avait déjà croisées dans Trois sœurcières, se rendirent donc dans le lointain royaume de Genua où les contes semblent sévir. Car les contes sont des formes de vie parasite, virevoltants ou flottants dans l'espace-temps. Les plus faibles sont morts, mais les plus forts se sont endurcis et se développent au détriment des univers. Mais trève de métaphysique... revenons à notre histoire. En se rendant à Genua, Magrat, Nounou et Mémé rencontrèrent ainsi de bien étranges personnages : une petite fille à la cape rouge et sa mère-grand alitée ainsi qu'un loup au cerveau dérangé, un château endormi au milieu d'une forêt ou encore une étrange chauve-souris abhorrant l'ail. Des broutilles pour des sorcières aussi avisée ! Mais une fois arrivées à Genua, elles se rendirent vite compte que les événements étaient sans doute beaucoup plus graves que ce qu'elles pensaient initialement.
On le voit évidemment, Terry Pratchett prend un malin plaisir à détourner une grande partie des contes de notre enfance, de Cendrillon à la Belle au Bois Dormant, dans ce livre qui porte une nouvelle fois un bien meilleur titre en version française, le Mécompte de fées remplaçant avantageusement Witches abroad. La parodie est totale et bien évidemment très drôle grâce aux caractères caricaturaux de Magrat, Nounou et Mémé : la pucelle, la mère et la vieille bique donnent leur pleine puissance dans ces contes déjantés où elles doivent affronter une fée devenue mauvaise et un bien étrange « prinse ». Mais comme souvent une page ne suffirait pas pour recenser tous les délires de l'auteur anglais : sachez juste qu'il introduit ici pour la première fois le plus grand amant du Disque Monde, le célèbre Casanabo et son escabeau !
Comme dans tout conte, tout est bien qui finit bien. Illon et son prince ne se marièrent pas. Ils n'eurent pas d'enfants et vécurent heureux chacun de son côté.