7/10La Symphonie des siècles - Tome 1 - Rhapsody (première partie)

/ Critique - écrit par Danorah, le 13/06/2006
Notre verdict : 7/10 - Plus épique que bohémienne (Fiche technique)

De la fantasy classique mais efficace.

Rhapsodie : 1. Poème ou partie de poème contenant un épisode épique. 2. Composition instrumentale de caractère improvisé, de style brillant, écrite sur des thèmes populaires. Ajoutons à cela que Rhapsody est le premier volume d'une saga intitulée La symphonie des siècles, et le doute n'est plus permis : Rhapsody sera épique et musical, ou ne sera pas. Et de fait, le roman se révèle conforme aux attentes suscitées par son titre : si la narration et le style de l'auteur ne brillent pas par leur originalité, on ne peut qu'être séduit par l'insertion astucieuse de la musique au centre d'un univers qui présente toutes les caractéristiques de la fantasy.

Rhapsody est une jeune Barde vivant à Easton, ville située sur l'île de Serendair. Sa vie bascule lorsque, fuyant un homme visiblement animé de mauvaises intentions à son égard, elle se retrouve nez à nez avec un homme et un géant, qui après l'avoir sauvée semblent refuser de la relâcher. Qui sont réellement Achmed, l'homme froid et taciturne, et Grunthor, le géant verdâtre et rieur ? Qui semblent-ils fuir tous deux avec autant d'acharnement ? Aussi puissants et redoutables qu'ils soient (Rhapsody les a vus à l'oeuvre alors qu'ils la défendaient), les deux hommes semblent vouloir échapper à un danger qu'ils ne peuvent affronter. Leur fuite va les entraîner dans les entrailles de la Terre, le long des racines du chêne sacré Sagia, puis de l'Axis Mundi, la Racine qui court le long de l'axe de rotation de la Terre.

La situation de départ, à savoir un trio constitué de personnages disparates condamnés à cohabiter et à s'accepter mutuellement, le tout dans un univers fantastique où les hommes ne sont pas les seuls êtres doués de raison et où la magie est omniprésente, est loin d'être originale. Il n'empêche que ces trois-là sont suffisamment attachants (bien que légèrement caricaturaux) pour inciter le lecteur à en savoir plus. D'autant plus que les non-dits, interrogations et mystères sont nombreux. Le style fluide d'Elizabeth Haydon (ainsi que la traduction plus qu'honnête de Marie de Prémonville) n'alourdit pas la lecture, bien que l'on eusse souhaité, pour ce roman au thème musical, une écriture justement plus musicale, recherchée et rythmée.

Le véritable point fort du livre se situe donc dans l'art singulier que pratique Rhapsody : la jeune femme, grâce à sa perception aiguë de la musique et des vibrations de ce qui l'entoure, se révèle capable de prodiges divers et variés, comme par exemple raviver une fleur fanée en prononçant ce qu'elle appelle « son nom véritable ». Ce don semble être appelé à se développer et à être exploité plus avant dans les prochains volumes, ce qui nous fait augurer du meilleur pour la suite.

Si dans les premiers temps le roman peine à trouver son rythme de croisière et soulève de nombreuses interrogations, la lecture demeure agréable et sans effort. L'intrigue semble extrêmement touffue et les quelques révélations qui viennent en fin de livre ne suffisent pas à effacer cette impression que l'histoire s'éparpille dans des directions aussi diverses que déroutantes. Les prochains tomes nous diront si Elizabeth Haydon a su faire de La symphonie des siècles une aventure cohérente se déroulant dans un univers complexe, logique et dénué d'invraisemblances. C'est en tout cas, au vu de cette amorce, ce que l'on souhaite ardemment.