3.5/10Shannara - Tome 1 - L'épée de Shannara

/ Critique - écrit par Nicolas, le 11/08/2005
Notre verdict : 3.5/10 - Hé mec ? Elle est où l'épée ? (Fiche technique)

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que L'Epée de Shannara se voit précédée d'une certaine renommée dans le monde de la critique amateur. Et pas la meilleure, apparemment, puisque l'opinion générale s'accorde à dire que le premier tome du cycle mis au point par Terry Brooks s'appuie sur la trilogie mythique de Tolkien (le Seigneur des Anneaux, donc) bien au delà de la simple inspiration. Ce qui ne se constitue pas forcément en gage de qualité, même pour les profanes de la trilogie de Tolkien...

Shea Ohmsford, fils adoptif des Ohmsford, découvre par la voix du mystérieux mage Allanon qu'il est le dernier descendant de la lignée elfique de Jerle Shannara, et accessoirement le seul au monde à pouvoir manier « l'épée de Shannara ». En d'autres termes, le seul au monde à pouvoir renvoyer au néant une créature maléfique évidemment surpuissante du nom de Brona, le Roi-Sorcier. A demi-éliminé il y a des centaines d'années, lors d'une grande guerre mêlant toutes les races peuplant ce monde, l'être maléfique revient avec la ferme intention d'instaurer la terreur et le malheur un peu partout. L'infortune voulant que l'épée soit actuellement entre les mains du Roi-Sorcier, une compagnie est donc formée pour récupérer l'arme sur les terres détenues par le vilain. Partiront avec Shea et Allanon : Flick, le demi frère de Shea ; Balinor : le prince - guerrier de Callahorn ; Durin et Dayel, deux elfes de sang royal ; Hendel, un nain ; Et Menion Leah, prince d'un minuscule royaume et grand ami de Shea...

Le rapprochement est-il inévitable à partir du moment où quelqu'un mentionne le Seigneur des Anneaux ? Indéniablement, une fois que le sentiment de « pompage » est porté à l'esprit du lecteur, il le suivra tout au long des 700 pages du bouquin. Un petit héros en proie au doute flanqué de son pote (= frère) bien plus courageux qu'il ne laissait paraître ? Un imposant mage livrant un combat titanesque au terme du duquel il passera pour mort après une chute dans un simili de ravin ? La défense d'une cité fortifiée à un contre vingt, pas loin d'une rivière ? Un ennemi pas vraiment physique revenu du passé pour massacrer tout le monde ? Un roi (ou presque) à l'esprit brumeux empoisonné par son conseiller ? Avouez, les ressemblances sont frappantes. En fait, considérons plutôt l'Epée de Shannara comme une version « light » des aventures de Frodon : moins de pages, moins de souffle épique, moins de qualité d'écriture, moins de background. Brooks fait dans le simple : un style très commun, pour un monde très commun, puisque réduit à « quatre terres ». Dans le texte, les Terres du Nord, de l'Est, de l'Ouest, et du Sud. Rien de bien difficile à suivre, donc, surtout qu'il est possible d'occulter un certain nombre de pages tellement l'auteur aime la récurrence. Prenons l'exemple d'Allanon : le mage ne leur dit pas tout à propos de la quête, c'est un fait. Histoire que l'élément reste dans l'esprit du lecteur, Brooks le rappelle environ toutes les 30 pages, par l'intermédiaire d'un doute intérieur du héros par exemple. Même constat pour Ketset, un placide troll très peu bavard. Le résultat n'est sûrement pas celui espéré, puisque les révélations finales s'avouent tellement maigres qu'elles ne renversent pas l'intérêt du livre. Il faut dire que l'auteur travaille au corps sans relâche : chaque moment de suspense, de tension, d'inconfort pour les héros est ramené à sa plus stricte condition, organisant sans complexe des sauvetages miraculeux et des coups de chance incroyablement bien foutus. Le pire reste la fin. Comme si soudain Brooks s'apercevait du volume de son histoire, il décide de tout torcher royalement en quelques pages, décidant très à tort de ne pas fournir de conclusion potable pour les personnages survivants, et de finir sur un effet de style plutôt anecdotique.

Le cycle de Terry brooks démarre sous de mauvaises augures, par la pauvreté de l'intrigue, son manque d'originalité, et surtout ses références plus que nombreuses envers le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Shannara comporte plusieurs volumes, certes, qui peuvent peut-être lui permettre de relever la barre à terme, en admettant que la pépite présumée de l'histoire (à ce que j'ai entendu dire, l'histoire se passerait sur Terre, après une guerre nucléaire) soit amenée et gérée correctement (ce dont je doute).