6/10Sex and the City

/ Critique - écrit par Kassad, le 13/01/2004
Notre verdict : 6/10 - La cité du vi(d)ce (Fiche technique)

Tags : sex city carrie saison sarah parker jessica

Candace Bushnell est une journaliste du New York Observer, car c'est bien du livre Sex and the city dont est tirée la célèbre série éponyme dont je vous parle. Il s'agit en fait d'une compilation d'articles qui forment une chronique de la vie contemporaine à New York, plus précisément des frasques de la "upper society" de Manhattan. Ce n'est pas ici que vous en apprendrez sur les conditions de vie dans le Bronx ou la criminalité à Harlem. Par contre si vous voulez savoir où il faut "obligatoirement" être vu et que faire en compagnie de qui pour paraître dans les cover de magazines people vous êtes bien tombé.

Bushnell décrit tout ce petit monde de la mode et des affaires avec une ironie subtile et mordante. Typiquement elle s'intéresse aux femmes dans la trentaine qui ont "réussi". C'est-à-dire des executive women gagnant des sommes faramineuses et consommant les hommes comme des Kleenex. C'est au travers du traitement de différentes situations (genre : "L'amour à trois à Manhattan, sept manières d'aborder le sujet" ou "Quand les nanas branchées vont voir les banlieusardes") qu'elle met en lumière le vide de leurs vies. En effet le lien commun entre tous ces passages est le manque. Bien qu'elles aient tout il leur manque quelque chose. La première idée qui vient est qu'elles cherchent l'amour idéal sans le trouver mais en fait c'est beaucoup plus grave. Au travers de leurs frasques on se rend compte que ces femmes (et parfois les hommes aussi mais ils ne sont traités qu'à la marge dans ce livre) sont seules : je ne veux pas dire qu'elles n'ont pas rencontré leur moitié mais plutôt qu'elles sont vraiment seules. Elles sont tellement concentrées sur leur propre personne (à leur apparence physique mais aussi à leur réussite sociale et professionelle) qu'elles en oublient le reste du monde. Même les "meilleurs amies" ne le sont qu'en présence l'une de l'autre : nombre de couteaux plantés dans le dos... Et dans le fond la pendule fait clic-cloc. Au début on l'entend à peine mais ces femmes arrivent à un moment de leur vie où elles prennent conscience de ce temps qui passe et sont effrayées quand elles se retournent pour contempler l'abîme de leur vie. L'insouciance et le cynisme affichés ont fait leur temps et c'est dans la panique qu'elles retombent sur les schéma "traditionnels" : trouver un mari avoir des enfants dans une belle maison de banlieue.

Dans un premier temps les situations crues et sans fards font sourire mais très rapidement je dois dire que j'ai été peu à peu pris de dégout et même de pitié. Ce n'est finalement pas si drôle de voir ces gens perdus sans repères qui naviguent d'illusions en illusions. Derrière la façade clinquante il n'y a qu'un grand vide et j'avoue que sous les visages avenants de ces trentenaires sexy je vois les mêmes stigmates que ceux des junkies qui s'oublient dans la drogue. Ici ce sont les apparences qui remplacent l'héroïne, mais l'objectif est bien le même : cachez-moi cette (abscence de) vie que je ne saurais voir. Ce malaise m'a rendu la lecture de ce livre assez déplaisante et difficile. Mais en ce qui concerne la classe de Bushnell elle est immense sans aucun doute. Je crois qu'il n'y a pas de meilleure critique, qui soit à la fois aussi profonde et puissante, de cette people-mania qui semble nous envahir. Peut être faut-il lire le livre par petits morceaux, je me le suis farci d'un coup et victime d'une indigestion je sens mon coeur au bord des lèvres.