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8/10S.E.C.R.E.T - L. Marie Adeline

/ Critique - écrit par C.Saffy, le 27/06/2013
Notre verdict : 8/10 - I'm going to tell you a secret. (Fiche technique)

Tags : livres marie adeline livre romance etat cassie

Une plume, un effet satin rose sur la couverture et une ouverture en œil-de-bœuf sur un fessier très rond et nu quand on la déplie… Nous sommes avec S.E.C.R.E.T dans la littérature érotique en apparence calibrée, douillette, et très féminine, adjectifs que l’on ressent parfois à la lecture, mais qui sont loin d’être déplaisants après avoir été inondés de romances plus ou moins BDSM-nunuche.

Dans le roman de L. Marie Adeline – un pseudo pas très heureux, et encore une fois présenté comme un « auteur réputé » qui écrit ici sous une autre identité – si c’est une fois de plus une héroïne blessée par l’amour qui est au centre de l’histoire, il n’est point question ici d’une jeune femme qui a jusqu’à présent baisé avec des psycho-rigides ennuyeux incapables de voir en elle la nature volcanique et la personnalité époustouflante. Cassie est veuve depuis cinq ans et à trente-cinq ans tout juste, elle n’a connu qu’un homme, son époux, un rustre à tendance alcoolique que Cassie a quitté le jour où il a levé la main sur elle sans avoir pu divorcer avant sa mort dans un accident de voiture. Depuis, la jeune femme travaille comme serveuse au Café Rose, un diner situé dans l’un des plus vieux quartiers de la Nouvelle-Orléans et elle ressemble à une terre en friche. Négligeant son apparence, manquant de confiance en elle, incapable de s’engager dans une relation amicale, sentimentale et encore moins sexuelle, elle se cache derrière son tablier et n’attend rien de la vie. Mais un jour, une cliente régulière qui déjeune les yeux dans les yeux avec un bel homme oublie sur la banquette un carnet personnel qui a tout de l’agenda ou du journal intime. Cassie le compulsant pour trouver les coordonnées qui lui permettraient de le restituer à sa propriétaire y trouve en fait le récit des aventures sexuelles de la jeune femme. Tout à la fois gênée et intriguée, elle est ensuite approchée par Matilda qui lui avoue avoir trouvé ce stratagème pour l’amener à la proposition suivante : entrer dans le cercle de S.E.C.R.E.T., une agence tout à fait spéciale, qui aide à la reconquête de son plaisir et dont les initiées se reconnaissent grâce à un bracelet à breloques, dont chacune manifeste le passage d'une étape.

La question financière étant rapidement évacuée par l’auteur – « Combien ça coûte ? Oh mais ne vous en faites pas pour ça, nous ne voulons que votre bonheur et votre épanouissement et nous agissons grâce à l’aide de généreux mécènes ! » Ailleurs on se méfierait en se disant qu’on a affaire à une secte – Cassie se laisse fléchir et entre dans le cercle pour vivre les sept étapes de S.E.C.R.E.T. Abandon, curiosité, audace… Chacune d’elle est établie en fonction d’un questionnaire concernant les pratiques et fantasmes de la future initiée, ensuite le cercle s’occupe de tout. Ce qui rend S.E.C.R.E.T. différent de la production mise actuellement en avant, c’est la façon dont l’héroïne est entourée de toutes les attentions sans recourir aux artifices qui consistent à offrir une profusion de vêtements de créateur, une voiture, un macbook pro à une femme pour la séduire. A chaque étape, c’est un homme inconnu de Cassie qui vient s’occuper d’elle au cours de scènes érotiques et pleines de sensualité pure : le plaisir se centre sur ses désirs à elle dans une progression qui ne cherche pas à repousser les limites du spectaculaire. Voir par exemple comme la pénétration n’est pas une finalité et met du temps à venir, bien après que l’initiée ait reçu force câlins et coups de langues idéalement placés… Personnage attachant, ni sainte-nitouche ni salope, Cassie n’a rien d’une sale chieuse, ou une egocentrique forcenée, simplement une femme qui entreprend une rééducation de son corps, ses sens et ses envies à elle. Un roman à l’écriture très douce, souvent moite qui évite la vulgarité et le ridicule, non exempt d’humour – la séquence dite du « pâtissier » et le coup de la crème chantilly ! – et sait amener les scènes les plus « hard » (la découverte de la sodomie) ou casse-gueule avec beaucoup d’habileté. Jouant avec les clichés de la Nouvelle-Orléans, l'auteur y adjoint une dantesque scène de danseuses burlesques lors du carnaval traditionnel où se mèle l'héroïne qui voit soudain la relation avec son patron - jusqu'ici admirateur éconduit et amoureux - se transformer...

La fin est conçue comme un cliffangher qui amène sur une suite – on imagine sans peine la trilogie déjà sur les rails – véritablement frustrante : sans trop déflorer l’intrigue, nous dirons juste que Cassie doit choisir entre stopper son initiation (si elle considère avoir assez appris à la fin des sept étapes) ou au contraire entrer dans le cercle de S.E.C.R.E.T et devenir à son tour l’une des organisatrices des fantasmes. Un dénouement inattendu et un petit pied de nez seulement quelques pages avant la fin où l’on pensait avoir tout deviné, créent assez de frustration et d’envie pour n’avoir qu’envie d’en connaitre la suite.

Traduit de l'anglais (Canada) par Alba Neri.