Retours à Alger
Livres / Critique - écrit par iscarioth, le 15/08/2006 (Tags : ferrandez jacques alger litterature algerie carnets orient
Retours à Alger se présente comme une bande dessinée. Format A4, couverture épaisse et cartonnée, une édition tamponnée Casterman. A l'ouverture, on se rend compte que l'album est en fait un beau livre, qu'on retourne pour le voir se transformer au format à l'italienne. Retours à Alger réunit deux mondes, celui de la bande dessinée et celui du roman, tous deux ici passionnés autour d'un même thème ; l'Algérie.
Coté BD, on retrouve Jacques Ferrandez, l'auteur de la série culte Carnets d'orient, qui a connu Alger tout d'abord par le document, réunissant photographies, peintures et croquis pour s'imprégner du cadre orientaliste et romantique qui allait fonder le socle du premier tome de Carnets d'orient, en 1987.
Coté roman, il s'agit de Rachid Mimouni, écrivain et romancier algérien le plus récompensé à ce jour et mort en 1995 d'une hépatite aigue. L'homme avait été en son temps la proie des intégristes, qui avaient mis sa tête à prix.
Retours à Alger contient plusieurs éléments, dans la continuité des oeuvres déjà publiées par Casterman dans la série des carnets de voyage. On retrouve beaucoup d'illustration, et le travail à l'aquarelle de l'expérimenté Ferrandez est toujours aussi savoureux. Quelques très rares cases de bande dessinée, des photographies, et beaucoup de textes. Le livre est divisé en plusieurs petits paragraphes titrés. On parle des gens que Ferrandez a rencontré, de la société algérienne, mais aussi beaucoup des lieux. Le travail est très fouillé, on étudie les paysages autant que les moeurs. Le thème de la montée de l'intégrisme n'est pas esquivé et est même vivement condamné.
Un carnet de voyage se parcourt habituellement allégrement. Retours à Alger se monter plus difficile à digérer pour le lecteur lambda, curieux de découvertes mais pas d'études approfondies. Ainsi, Retours à Alger, pour son développement très intense, est plus à conseiller à des gens se préparant à visiter l'Algérie ou à des passionnés du pays, plutôt qu'à de simples curieux ou bédéphiles admirateurs du travail de Ferrandez.
En somme, Retours à Alger est un livre très fouillé, exploitant un maximum de l'écrit et du dessiné. Mais il s'agira de ne pas se tromper sur la nature de l'oeuvre, qui n'est ni un carnet intime ni un reportage, mais un véritable guide illustré, investissant autant le paysage que la société algérienne.