7/10La Répudiée

/ Critique - écrit par Kassad, le 04/11/2004
Notre verdict : 7/10 - Une nouvelle à ne pas répudier (Fiche technique)

Une nouvelle à ne pas répudier

Voila une nouvelle, ou un très court roman, dont on ne peut qu'admirer la concision et la beauté. La répudiée est à plusieurs titres un roman à contre courant des productions actuelles. D'une part par ce qu'il est consécutif à un film, Kadosh, et ne le précède pas comme c'est généralement le cas. D'autre part par ce qu'il se passe à Méa Shéarim en plein coeur de la Jérusalem juive intégriste. Enfin par ce qu'il est écrit par Eliette Abécassis qui, avec Qumran et Le trésor du temple, nous avait plus habitué aux thrillers théologiques qu'aux romans d'amour.

Une jeune femme vient d'atteindre ses vingt-six ans. Elle est mariée depuis l'âge de seize ans. Cela fait donc dix ans qu'elle est en couple avec son mari, un hassidim qui ne vit que pour la religion. Mais le couple est sans enfants, et une uninon non féconde pendant dix ans donne le droit au mari de répudier sa femme selon la religion juive. Malgré tout son amour pour elle, il y est poussé jour après jour par les autres, par la tradition...

Cette tragédie est écrite avec une délicatesse et une finesse inhabituelle dans ce monde Ardissonisé. Je l'ai surtout ressenti comme un roman d'amour d'une femme pour un homme. Ecrit sur un ton poétique, La répudiée est l'incarnation dans le verbe de l'amour le plus pur : celui qui ne demande rien en échange. Bien sûr le thème de la place de la femme dans les sociétés traditionelles y est important. On y voit comment celle ci est soumise et accepte son destin avec un stoïcisme déroutant. Là encore c'est une charatéristique inhabituelle dans le paysage littéraire qui se révèle. En effet, nous avons plus l'habitude des récits montrant des résistants, des opposants, bref des héros qui se dressent face à l'adversité pour la combattre. La tonalité du récit d'Abécassis est toute autre : il s'agit d'une femme qui accepte l'injustice et ses conséquences les plus horribles sans crier vengeance, sans se révolter. On pourrait la prendre comme exemple effrayant d'un "dressage" effroyablement asservissant réussit par la tradition, mais avec la finesse de l'écriture d'Abécassis on peut aussi le voir comme le plus bouleversant témmoignage d'amour qui soit. A vous de juger...