ATTENTION : CONTENU RESERVE A UN PUBLIC AVERTI

Les images et textes à caractère érotique, pornographique ou violent contenus dans cette page peuvent choquer certaines sensibilités. En consultant cette page, vous attestez être majeur au regard de la loi française et vous prenez vos responsabilités par rapport à son contenu.

CONSULTER QUITTER

7/10Pornstar - Anthony Sitruk

/ Critique - écrit par C.Saffy, le 22/10/2013
Notre verdict : 7/10 - Tonton tringleur. (Fiche technique)

Tags : porno litterature alan cinema sciences livre livres

"Pornstar : appellation américaine pour désigner un acteur ou une actrice travaillant dans la pornographie. A noter que l’acception pornstar peut s’appliquer autant à une débutante qu’à une actrice confirmée."

Si les rayonnages des librairies s’enrichissent régulièrement de mémoires de pornstars  féminines qui vont du plus larmoyant/mal écrit – Nina Roberts - au plus exhaustif/débordant – Coralie Trinh Thi –, les pendants masculins sont plus rares et plus souvent ignorés par l’édition. Et bien que Pornstar d’Anthony Sitruk soit un roman, il est assez bien renseigné sur le monde du porno et ses évolutions des années 70 à maintenant pour apporter un éclairage sur les grands oubliés de ce milieu : les acteurs et leur longévité à toute épreuve.

Anthony Sitruk se glisse dans la peau d’Alan (anciennement Alain) qui semble être un mélange de nombreuses ex-gloires françaises telles que Richard Allan ou Alban Ceray, un sexagénaire au membre toujours turgescent. Mais qui aurait moins bien tourné que les papis du porno qui coulent maintenant des jours paisibles dans leurs belles propriétés à la campagne en fabriquant des chocolats ou en jouant au golf. Car si Alan continue le porno, c’est plus souvent pour fourrer des petites débutantes dans des vidéos destinées à finir sur des sites allopass que dans de belles productions de chez Dorcel ou Colmax. Ce qui n’empêche pas la presse spécialisée d’aller le chercher de temps à autre pour quelques interviews sur le mode c’était-mieux-avant et lui de ramener sur son canapé de jeunes actrices impressionnées par son aura de vieux sachem du milieu. Le reste du temps, il est une sorte « d’entraineur » au No Comment, une boite échangiste de la rue de Ponthieu. Cette vie ronronnante, peu satisfaisante commence à dérailler quand Alan croise AliX sur un des tournages de Max - qui paie mal pour du  gonzo très trash - , et se met en tête de la revoir. Au même moment, son ancien agent le contacte pour le mettre en relation avec Vincent Maraval de chez Wild Bunch, avec à la clé un contrat en or – quand Alan pense qu’on ne le contacte que comme doublure bite – pour tourner un premier rôle dans le prochain film de Gaspar Noé.

Pornstar est un roman qui se révèle dans le même temps excitant et… horriblement frustrant. Excitant car l’écriture d’Anthony Sitruk a juste ce qu’il faut de gouaille et de vulgarité pour amuser le lecteur, son propos est assez acide et vitriolé pour décaper quelque mythes tenaces, notamment l’acteur porno toujours pensé comme forcément mieux loti que l’actrice ou le blues de celui qui n’a jamais bossé qu’avec sa queue comme instrument de travail. Pornstar est trépidant, intense et parfois crépusculaire, tant la mélancolie de son héros qui prostitue son talent dans des vidéos pires que sur Jacquie et Michel est présente. Et il contient en outre quelques très belles scènes de cul, tant personnelles que professionnelles de la part du personnage.

Alors pourquoi Pornstar est–il aussi frustrant ? Car c’est un roman beaucoup trop court. Chaque point soulevé par Alan, chacun des personnages qu’il côtoie, chacune des aventures qui lui arrivent mériterait qu’on s’y attarde, au point de transformer le texte en véritable épopée du X à la française. Ce X qui reste si différent de l’italien, l’américain ou de l’allemand. Au point d’espérer que l’auteur a prévu une suite ou du moins un director’s cut de son livre. Notons aussi le manque d’à-propos de La Musardine qui ont non seulement choisi Chas Ray Krider pour sa couverture quand le photographe est associé chez eux aux romans d’Esparbec, mais ont préféré une minette impeccable à l’image du sexa qui a encore de beaux restes qu’on était en droit d’attendre.

Résultat en demi-teinte donc pour ce Pornstar plein de promesses, mais qui agace parfois comme un coïtus interuptus. On en sort avec l’envie de voir Anthony Sitruk continuer son exploration romanesque du cinéma porno dont il sait parler avec beaucoup de justesse, d’à-propos… et même d’une forme de bienveillance et d’amour absolu pour le genre. Rien d’étonnant quand on sait qu’Anthony est l’un des créateurs et contributeurs du site X-intime.com …