L'Or des Incas
Livres / Critique - écrit par Lestat, le 28/06/2004 (
Clive Cussler, né en Illinois, est une sommité mondialement reconnue dans le domaine de la recherche d'épaves. Président de la NUMA (National Underwater and Marine Agency, soit l'Agence nationale Marine et Sous Marine), membre du Club des Explorateurs (Explorers Club), de la Royal Geographic Society, cet ancien de l'armée de l'air (mécano durant la Guerre de Corée) et collectionneur réputé, tâte le papier dès 1965, pour le meilleur et parfois pour le pire. Les livres de Cussler, la plupart emmenés par son héros récurrent, le célèbre Dirk Pitt (dont une aventure sera prochainement adaptée au cinéma), sont des romans que l'on pourrait qualifier de commerciaux ou populaires dans le bon sens du terme. Loin d'être désagréable à lire, Cussler fait toutefois davantage penser à un Tom Clancy du pauvre qu'à un hypothétique sauveur de la littérature d'espionnage. Livre idéal pour le train, le bus, la soirée pas prise de tête ou la plage, ce roman mineur fait partie des moins bons de la série des Dirk Pitt et lire L'Or des Incas ne se fait pas sans se remémorer le Magnifique, fameux film avec Belmondo sur l'écriture d'un roman à deux sous.
Dans l'Or des Incas, Cussler entraîne Dirk Pitt dans les profondeurs du Pérou, à la recherche de quelques trésors. Trafic d'oeuvres d'art, vielles légendes, contrée mystérieuse... tous les ingrédients sont là pour que le lecteur prenne son pied. Assez rythmé, quasiment sans temps morts, L'Or des Incas a un côté improbable plutôt sympa qui n'est pas sans rappeler les Indiana Jones ou un bon Bob Morane, faisant que le livre se termine de manière tout aussi plaisante qu'il fut entamé. Galerie de personnages hauts en couleurs (mention spéciale a l'extraordinaire St Julien Perlmutter, lettré gourmet dont les apparitions relèvent du pur délice !), horizons lointains, bonne louche d'action, quelques jolies femmes... l'Or des Incas ne fait pas toujours dans la finesse et encore moins dans l'originalité et c'est ce qui est bon, finalement : ça s'ouvre, ça se ferme, et entre les deux on s'amuse bien. L'Or des Incas dans le fond est un pur roman d'aventure, qui divertit à peu de frais, rondement mené et qui ravira sans doute toutes personnes en quête d'un dépaysement balisé.
Reste que sur la forme, Cussler, si bon aventurier soit-il, a un défaut monumental : il a tendances à en faire des tonnes. Dans l'Or des Incas plus qu'ailleurs, on retrouve des tics d'écriture pas vraiment magistraux, dont des expressions tombant mollement dans le cliché. Au point qu'on s'attendrait presque à voir surgir au détour d'une page un "j'ai cru que mes poumons allaient éclater", qu'heureusement il n'osera pas. Clive Cussler semble pourtant avoir assez de bouteille (de plongée, donc) pour passer outre ce genre de désagréments. Non seulement ceci plombe un peu le roman, mais a également tendance à faire ressortir tout un tas de petits défauts, d'aspects absurdes, voire même une impression de surréalisme. Déjà qu'on y croyait pas une seconde dès le début, voir tout ceci achève tout espoir de lire quelque chose de plus haut qu'un efficace roman bien vite troussé. Cussler se repose, son lecteur sourit, rêve, se laisse transporter de tribulation en tribulation jusqu'a ce que l'affaire finisse de s'emballer, le temps d'un peu de bon temps.
Le soleil tape dur, les vagues s'échouent mollement, le vendeur de chichis tente de colporter ses denrées graisseuses, là-bas deux bambins se chamaillent en faisant des pâtés... vous n'entendez rien, car, couché sur la plage, lisez l'Or des Incas. Une fois l'été passé, difficile de dire si l'on s'en souviendra. Reste un roman distrayant à tout point de vue, et le plaisir, une fois la grisaille revenue, de l'ouvrir au hasard et de retrouver du sable dedans...