Millénium - Tome 1 - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Livres / Critique - écrit par siduri, le 27/03/2008 (Tags : millenium livre femmes hommes etat aimaient livraison
Le premier volet de cette trilogie nous présente les intrigues et les personnages d'une Suède qui deviendra si familière.
On sait que le succès d'un livre ou d'un film dépend quand même beaucoup de tout le battage marketing dont il est entouré. S'affichant dans toutes les stations de métro, les livres de Stieg Larsson étaient donc voués à un grand succès commercial, faisant fi du snobisme de certaines personnes pour qui un ouvrage estampillé « vu à la télé » ou « vu dans le métro » ne peut être que médiocre ou à peine satisfaisant.
En effet, on suppose en général que les œuvres qui se montrent sans pudeur aucune aux côtés de Jenifer et/ou de Paris Hilton, n'offriront jamais plus que l'intrigue et le talent rédactionnel d'une question trouvée dans un petit fromage carré. La surprise est donc totale quand après 10 minutes à peine de lecture, on a la fâcheuse impression que toute cette histoire va nous entraîner plus loin qu'on ne l'aurait prévu.
Car Stieg Larsson a réussi son coup, le lecteur est entraîné et la fermeture du livre entraîne une sensation de manque. Du coup on ne le ferme pas, on ne dort plus, et on se laisse guider dans le monde de Mikael Blomkvist.
On découvre le personnage principal de Stieg Larsson en bien mauvaise posture : journaliste n'ayant pas vérifié ses sources, Mikael se voit contraint de s'exiler au fin fond de la Suède pour éviter une disgrâce professionnelle. Il en profitera pour déterrer une sombre histoire familiale, assisté d'une enquêtrice hors normes.
Une fois entré dans l'univers de Millénium, il est finalement très difficile d'en parler. Développer plus l'intrigue serait priver les futurs lecteurs d'agréables moments et compromettre leur plaisir.
C'est en effet bien de plaisir dont il s'agit : sensuel tout d'abord, du fait d'avoir un bel objet entre les mains ; puis vient celui de la rencontre avec des personnages attachants, profondément humains et loin de la caricature (même si la rencontre avec Lisbeth laisse présager le pire). Pas de coup de foudre, pas de passion dévorante pour ces personnages mais une découverte progressive (comme dans la vraie vie ?) et une furieuse envie de partir à Stockholm pour les rencontrer. Stieg Larsson réussit donc là où doivent le faire les bons auteurs, à savoir : nous faire croire à la réalité de ses personnages, du milieu dans lequel ils évoluent et de leur histoire.
Par ailleurs, il faut également reconnaître que les sujets traités semblent parfaitement documentés, donnant envie de courir acheter la revue éponyme (car Millénium est avant tout le nom du mensuel dans lequel Blomkvist écrit). Ce qui semble assez logique et naturel, compte tenu du fait que Stieg Larsson, avant d'être auteur de fiction, était lui-même un Mikael Blomkvist en puissance, journaliste traitant de sujets économiques et éthiques. Reste à savoir s'il avait autant de succès avec les femmes.
Enfin, concernant le style même de Stieg Larsson, la simplicité avec laquelle ses personnages se meuvent, se promènent, se rencontrent et communiquent, malgré la complexité de leurs caractères, rappellent souvent le style d'Henning Mankell, autre auteur suédois, connu des amateurs de romans policiers et de théâtre.
On aurait d'ailleurs bien aimé que Stieg Larsson fasse la même carrière. Malheureusement, son décès en 2004 nous laissera une trilogie et non pas le décalogue imaginé.