4/10Métaphysique du frimeur

/ Critique - écrit par Kassad, le 28/08/2003
Notre verdict : 4/10 - Philosophie tendance happy few (Fiche technique)

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Il paraîtrait que l'époque est à la recherche de "sens". L'éclosion des cafés où l'on discute philosophie autour d'une bonne bière ainsi que la multiplication des ouvrages philosophiques en direction d'un large public non spécialiste, je pense par exemple aux ouvrages suivants Anti-manuel de philosophie, Le monde de Sophie, 101 expériences de philosophie...(vous pouvez même vous entrainer comme un sportif ainsi que le suggère Exercices spirituels et philosophie antique), en témoignent. Frédéric Shiffter est un des fers de lance de cette tendance. Déjà connu pour ses ouvrages précédents : Sur le blabla et le chichi des philosophes et Pensées d'un philosophe sous Prozac, il nous propose une réédition d'un de ses écrits de jeunesse augmenté d'une préface nous prévenant qu'il faut lire tout ça avec du recul.

Mais voilà, même en le lisant au deuxième, troisième voire nième degré, je ne trouve pas grand chose à sauver de ce, petit (il se lit facilement en moins d'une heure) fascicule. Si vous vous attendez à une réflexion qui va changer votre vision du monde, vous risquez fort d'être décu. Il s'agit ni plus ni moins que d'un exercice de style, à la facon d'Oscar Wilde, proposant une éthique sur mesure s'adaptant aux faiblesses morales de son auteur. C'est surtout cela qui me gène, on sent que ce n'est pas la recherche de la vérité qui motive Shiffter. Il s'amuse simplement à jouer avec des idées et des mots tout en annoncant qu'il ne se prend pas au sérieux. Bref, il ne va même pas jusqu'au bout d'une superficialité affichée et cela suffit à détruire le peu d'intérêts que cette lettre aurait pu susciter.

C'est d'autant plus regrettable que son Sur le blabla et le chichi des philosophes, proposait lui une vraie réflexion. Mais déjà avec Pensées d'un philosophe sous Prozac on voyait poindre cette maladie qu'il décrit si bien lui même : "je devins une sorte d'esthète chez qui le besoin maladif de lire finit par engendrer la prétention d'écrire". Rien à rajouter monsieur Shiffter vous avez très bien résumé mon opinion sur cet essai qui est à la métaphysique ce que SAS est à la littérature, un "truc" à prendre entre deux trains.