Funambules
Livres / Fiche - écrit , le 26/02/2008Tags : funambules strasbourg restaurants funambule avis france fil
Nouvelles venues sur le marché de l'édition, les Editions Funambules, basées à Gonfaron, ont publié récemment le premier roman d'Arnaud Boland, Les Méandres du Bonheur. Sophie Coudert, Présidente des Editions Funambules, répond aux questions de Krinein. L'occasion de mieux connaître cette maison associative qui tente de s'imposer dans un secteur où la rentabilité prend de l'importance...
Krinein : Pour commencer, voulez vous nous raconter l'histoire des Editions Funambules ?
Sophie Coudert : C'est une histoire encore très courte ! Les éditions Funambules sont une toute jeune maison d'édition associative créée en juin 2004 de la volonté de quelques passionnés. Après deux mois de démarches administratives et de prises de contacts, nous rencontrons Arnaud Boland et enfourchons avec lui notre premier cheval de bataille. Maintenant, après un appel à textes auquel beaucoup d'auteurs ont répondu, nous nous préparons à lancer un ouvrage collectif intitulé « Le poids de l'inachevé »
Quelle est sa vocation ?
Editer de nouveaux auteurs méconnus et faire découvrir au public qu'il existe, à l'écart des grandes maisons d'éditions et des livres que l'on voit partout, des écrivains pleins de talents qui ne demandent qu'à être lus.
Vous spécialisez-vous dans un genre particulier ?
Nous sommes assez ouverts, axés essentiellement sur le roman et la nouvelle. Nos choix s'opèrent surtout par coups de coeur.
Outre les contraintes financières, quelles sont et ont été vos principales difficultés ?
Les difficultés sont nombreuses, mais la plus grande est sans doute de réussir à être vu, de faire connaître nos livres. C'est bien connu, plus on est petit, plus il faut faire de bruit pour être entendu ! Comme nous n'avons bien entendu pas accès aux grands médias et que nous ne possédons pas la puissance de distribution des gros éditeurs, il faut nous débrouiller autrement. Pour cela, Internet s'avère un outil précieux mais insuffisant. Il faut sans cesse aller à la rencontre des lecteurs potentiels, des professionnels du livre, organiser des lectures publiques, des séances de dédicaces, obtenir des interviews, participer à des évènements... N'étant pas nombreux, le temps nous manque parfois un peu.
Vous vous classez vous-même dans la "petite édition". Vous êtes également une maison associative. Pouvez vous nous parler du marché de l'édition, qui est finalement assez peu connu ?
En France, l'édition, c'est plus de trois mille six cent structures de tailles très diverses pour plus de cent parutions par jours ! Une véritable jungle dans laquelle seules quelques dizaines d'éditeurs se taillent la part du roi. C'est également une chaîne complexe d'intervenants, depuis l'écrivain, en passant par l'éditeur, l'imprimeur, le diffuseur, le distributeur et enfin le libraire, pour parvenir au bout du compte jusqu'au lecteur. Mais c'est surtout un formidable vivier de talents, de création et d'idées neuves ! Pourtant, lorsque je parcours les librairies, je retrouve toujours les mêmes tables, avec la même vingtaine de livres que l'on voit partout, à la télé, dans les journaux... Lorsque l'on sait qu'il y a plus de trente mille livres qui paraissent chaque année, je trouve cela un peu dommage.
La structure associative est elle courante en édition ?
Très courante, surtout dans la petite édition. Près d'une maison d'édition sur deux est créée sous forme associative.
Parlez nous de votre organisation : combien de personnes travaillent aux Editions Funambules ? Quelles sont leurs fonctions ? Y'a t-il des bénévoles ?
Nous sommes très peu nombreux. Un conseil d'administration composé de trois personnes qui gèrent l'administration, participent au comité de lecture et s'occupe en grande parti de tout ce qui touche aux relations publiques et à la promotions, et un responsable de collection qui n'est autre que notre premier auteur Arnaud Boland, qui réalise un formidable travail auprès des auteurs quand à la conception et l'édition proprement dite des ouvrages, de façon bénévole pour l'instant.
Vous dites que la "petite édition est l'avenir du livre". Pour quelles raisons ?
Petits et gros éditeurs n'obéissent pas aux mêmes logiques. En schématisant un peu, on pourrait dire qu'aujourd'hui, les préoccupations des grands éditeurs sont essentiellement commerciales alors qu'elles sont plus artistiques pour les petits. Cela signifie qu'un livre, même de très bonne qualité, n'intéressera un gros éditeur que s'il est susceptible de toucher un grand nombre de lecteurs. C'est un peu la même chose dans la majeure partie des domaines artistiques, que ce soit en musique, en cinéma, les grosses majors proposent essentiellement des produits tous publics réalisant de gros succès mais quelque peu stéréotypés alors que l'originalité et bien souvent la qualité se retrouve plutôt du coté des petits labels et producteurs indépendants. C'est un peu le même processus, je crois, qui est en train de se mettre en place en littérature.
Comment sélectionnez-vous un ouvrage ? Pouvez vous nous décrire le processus entre l'arrivée d'un manuscrit et sa publication ?
Nous sélectionnons les ouvrages selon des critères de qualité littéraire, d'intérêt et d'originalité. Et puis il faut aussi que le texte nous touche, nous donne envie de nous battre pour lui. Nous fonctionnons beaucoup aux coups de coeur. Nous commençons d'abord par lire le manuscrit chacun de notre coté, ensuite, nous en discutons et nous prenons une décision. Si l'ouvrage est retenu, nous en informons l'auteur et l'aidons à corriger éventuellement son texte, puis nous réalisons la mise en page, la couverture et imprimons le livre. Il reste encore ensuite à le référencer dans les bases de données professionnelles, à avertir la presse et les professionnels de sa parution et bien entendu, ce qui n'est pas la plus mince affaire, à nous occuper de sa promotion et de sa distribution.
Le premier ouvrage édité aux Editions Funambules est donc Les Méandres du Bonheur, par Arnaud Boland. Pouvez vous nous parler de ce livre et de cet auteur ?
Arnaud Boland est un jeune auteur d'une trentaine d'année au parcours assez sinueux. Diplôme en droit, musicien, globe trotter, il occupera quelques temps un poste de chef des ventes dans l'automobile avant de décider de se consacrer pleinement à l'écriture et collabore aujourd'hui avec nous en tant que responsable de collection. « Les méandres du bonheur » est son premier livre publié. Il s'agit d'un roman sur les espoirs, les rêves et les désillusions des jeunes au passage de la trentaine. L'histoire d'une rencontre, entre Vincent, jeune homme ordinaire enlisé dans un quotidien morose et monotone, et Paul, personnage charismatique et sans complexes qui va l'entraîner, autour de la réalisation d'un film impossible, dans un tourbillon d'aventures insensées. De Barcelone à la cote d'azur, dans les musées, les boites de nuits, les clubs très privés ou bien simplement dans la rue, son terrain de jeu favori, Vincent apprendra à dépasser toutes ses limites, toutes ses inhibitions. Mais si Paul à beaucoup à nous apporter, on découvrira aussi ses faiblesses, ses défauts, ses doutes et ses souffrances, toutes ces choses qui feront qu'au final, plus que de vouloir lui ressembler, Vincent apprendra à faire ses propres choix, à suivre son propre chemin.
Comment vous êtes vous rencontrés ? Il vous avait envoyé un manuscrit ?
Non, par une connaissance commune qui nous a présenté. Le courant est d'emblé très bien passé et comme son roman correspondait parfaitement à ce que nous recherchions, nous avons décidé de l'éditer.
Des jeunes talents tentent souvent leur chance sur Internet pour se faire connaître, par le biais de site tels que Rue des Auteurs par exemple. Quel regard portez vous là dessus ? Visitez vous ces sites pour repérer quelques belles plumes ?
Nous visitons ces sites, effectivement, mais le temps nous étant plus que compté, nous n'avons pas beaucoup le loisir de lire des textes qui ne nous sont pas directement adressés. En fait, nous nous servons surtout de ces sites pour nous faire connaître auprès des écrivains, notamment lorsque nous lançons un appel à texte particulier, comme c'est le cas pour les « Nouvelles sur le fil », collection de recueils de nouvelles regroupant différents auteurs autours de thèmes communs. Nous indiquons alors aux auteurs ce que nous recherchons précisément et les invitons à nous soumettre leurs textes. Mais le grand intérêt de ces sites est surtout à mon avis, que les auteurs peuvent y trouver des lecteurs et recueillir des avis objectifs, ce qui est déjà beaucoup. La petite notoriété qu'un auteur peut acquérir sur le net est un atout non négligeable pour une publication future. Cependant, les candidats sont nombreux et Internet n'est pas non plus une solution miracle.
Outre le livre d'Arnaud Boland, quels sont vos projets actuellement ?
Nous préparons en ce moment la sortie du premier recueil des nouvelles sur le fil, « Le poids de l'inachevé » regroupant dix textes autour des thèmes « passion et folie » et « exister » qui devrait paraître d'ici environ un mois.
Quels conseils donneriez-vous à qui veut publier un roman ?
Tout d'abord de ne pas se précipiter, de prendre le temps nécessaire pour retravailler son texte, quitte à le laisser « reposer » un peu. Et aussi de ne pas s'arrêter aux grands éditeurs. Beaucoup d'auteurs rangent leurs manuscrits au fond de leurs tiroirs après avoir essuyé une dizaine de refus alors qu'il existe, je le répète, plus de trois mille structures d'édition en France. Il faut également bien cibler ses envois, en vérifiant que le manuscrit a une chance de correspondre à la ligne éditoriale de l'éditeur. Mais les maîtres mots, comme dans la majorité des domaines, reste bien sur le travail et la persévérance.
Que peut on vous souhaiter, à présent ?
De vendre beaucoup de livres, bien sûr !
Je vous laisse le mot de la fin, la colonne vous est ouverte.
J'aimerais dire aux lecteurs que les livres que tout le monde lit ne sont pas forcément les meilleurs, ni les plus intéressants pour eux. Certains le savent déjà, mais beaucoup se laissent aller à la facilité, celle des bandeaux rouges, des prix littéraires, des noms connus... Beaucoup de gens aujourd'hui affirment ne pas aimer lire, peut-être ne sont-ils pas tombés sur les bons livres ? D'autres disent ne pas avoir le temps, mais combien de temps passent-il devant la télévision ? Le temps pour lire, c'est toujours du temps que l'on prend sur autre chose, un plaisir que l'on s'accorde. Car c'est bien de plaisir qu'il devrait toujours être question lorsque l'on parle de littérature. On entend souvent qu'il faut lire pour s'instruire, se cultiver, s'informer, pour acquérir une plus grande ouverture d'esprit, pour apprendre à mieux se connaître, à mieux comprendre les autres, tout cela est vrai, mais plus important encore, lire, c'est avant tout vivre des histoires, vibrer, ressentir, s'évader, découvrir, se passionner, rêver, en un mot, lire est et restera toujours la plus fantastique source de plaisir que l'on ai jamais inventée !
Un grand merci à Sophie Coudert et tout nos voeux de réussite aux Editions Funambules !
(Interview datée du 16/11/2004)