6.5/10Ensemble, c'est tout

/ Critique - écrit par Danorah, le 06/09/2007
Notre verdict : 6.5/10 - C'est tout. (Fiche technique)

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Ensemble, c'est tout : des personnages attachants, un récit un peu facile, et une proportion de pathos pas toujours bien dosée. La sauce prend malgré tout.

Il y a d'abord Paulette. Et puis Camille, et aussi Philibert, et Franck. Franck le cuisinier qui s'abrutit de travail pour pouvoir payer sa moto et la maison de retraite de Paulette, sa grand-mère. Paulette la vieille dame qui a caché aussi longtemps qu'elle a pu les signes de sa vieillesse pour retarder son départ en maison de retraite. Camille la jeune artiste solitaire qui n'arrive pas à se nourrir à cause de tous ces cailloux qu'elle ressent au fond de son estomac. Et Philibert, vilain petit canard d'une famille d'aristocrates, perclus de TOC et confondant de maladresse.

En voilà un drôle de quatuor. Rien ne les prédestine à devoir vivre ensemble. Trop de différences entre eux : âge, condition sociale et centres d'intérêt les éloignent plus qu'ils ne les rapprochent. Finalement, ce qui va les réunir, c'est un vieil et immense appartement, dans lequel ils se retrouvent plus ou moins par hasard et vont devoir cohabiter. Cet appartement, c'est celui de la famille de Philibert, que ce dernier a été prié d'occuper suite à une sombre histoire d'héritage. Bref. Par une suite de circonstances hasardeuses, Philibert accueille donc Franck, puis Camille, puis, plus tard, Paulette. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la cohabitation démarre plutôt mal. Les personnages sont enchaînés à leur solitude, à leurs soucis et à leur souffrance, et peinent à s'accepter les uns les autres, comme à s'accepter eux-mêmes.

Pourtant, petit à petit, les liens se tissent. Lentement, et pas très sûrement. Ensemble, c'est tout, c'est l'histoire de tous ces petits pas en avant, incertains peut-être, mais chacun d'entre eux représentant une micro-victoire sur le sort et sur les difficultés. Des petits pas qui, sans l'aide des trois autres, n'auraient jamais été possibles. Anna Gavalda procède par petites touches, à la manière d'un peintre impressionniste : le récit est divisé en une multitude de petits paragraphes, réflexions ébauchées et dialogues tendus. De ce fait, le style très courant et oral rend la lecture de ce petit pavé extrêmement fluide et rapide. Par contre, pour de la « grande » littérature, il faudra repasser : si l'on apprécie les romans d'Anna Gavalda, ce n'est certainement pas pour leurs qualités littéraires, mais pour l'attachement que l'on ressent à l'égard de leurs protagonistes. Contrairement aux divers personnages de Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, d'un intérêt quelque peu contrasté, chacun des quatre héros attire ici la sympathie. Leurs défauts les rendent humains, leur situation hors du commun (voire presque surréaliste) attise le rêve et l'envie. Mais aussi la compassion. De fait, si Ensemble, c'est tout souffre d'un défaut majeur, c'est bien celui de sombrer trop facilement et trop profondément dans le pathos. Le passé des quatre personnages est si larmoyant qu'il semble que l'auteur cherche à toucher une corde sensible, corde qu'elle actionne pourtant bien plus efficacement lorsqu'elle se tourne vers les soucis actuels des quatre amis, plutôt qu'en relatant un passé presque trop caricatural pour être crédible.

L'humanité qui se dégage de ce roman, ainsi que plusieurs dialogues vraiment bien pensés, permettent à la sauce de prendre en dépit de ces défauts. C'est donc avec une certaine voracité que l'on dévore Ensemble c'est tout, mais l'on peine à se sentir rassasié : trop de pathos tue le pathos, trop d'états d'âme, de larmes et de tergiversations tuent l'introspection. Un livre à lire, certes, pour peu que l'on apprécie ce genre très quotidien, mais à lire comme un amuse-gueule ou une friandise, dans l'attente de quelque chose de plus profond et consistant.