5.5/10Le Cycle des dieux - Tome 1 - L'île des sortilèges

/ Critique - écrit par Ichabod, le 04/01/2005
Notre verdict : 5.5/10 - Un tiers de livre (Fiche technique)

Après avoir exploré la mort et ses à côtés dans Les Thanatonautes, l'empire des Anges dans le bien nommé L'Empire des Anges, Michael Pinson débarque sur Aeden, l'île des dieux. Elève dieu dans une promotion qui en compte 144, il va bien vite découvrir les règles du jeu sur l'île : Il ne devra en rester qu'un. Les divinités en apprentissage vont aligner cours et travaux pratiques sur la création d'un monde, de sa flore, de sa faune, et sur la gestion d'un peuple, sous la direction de professeurs répondants aux noms d'Aphrodite, Hermès ou autres divinités grecques. Chaque séance de travail se soldant inexorablement par l'élimination des plus mauvais, emportés de gré ou de force par des centaures on ne sait trop où, on ne sait trop pourquoi.

A côté des études en divinité de Michael, on trouve en vrac un déicide (tueur de dieu), qui élimine les meilleurs élèves, une montagne toujours sous les nuages dont les lumières mystérieuses intriguent les élèves, des escapades nocturnes mouvementées, des chapitres de la fameuse Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d'Edmond Wells, une énigme, et des réflexions sur l'humanité à travers les yeux des dieux.

Car, de la même façon que dans ses précédentes oeuvres, Bernard Werber use d'un point de vue original sur notre monde pour mieux le comprendre. Du côté des dieux, les humains ne sont que des peuples à gérer, aux tendances guerrières ou pacifistes, avec leurs motivations et leurs angoisses. Si on peut aisément accrocher à l'univers d'Aeden, suffisamment original pour ne pas ennuyer, et se plaire à apprendre la vie de certains dieux grecs pour mettre une histoire dernière un nom, on aura beaucoup plus de mal à s'intéresser à l'aventure que Bernard Werber nous conte. Envolée l'impatience de découvrir ce qui se cache derrière le mystère de la cave des Fourmis, disparue l'envie de voyager avec Michael et ses amis hors de son corps pour découvrir l'après vie, finie la course poursuite du Père de nos Pères sur les traces du premier homme.

Sur Aeden, les jours se suivent et se ressemblent, calqués sur un schéma immuable : Présentation d'un dieu, cours-travaux-éliminations, repas, escapade nocturne, retour à Olympie. Le déicide frappe, mais finalement, on s'en fiche un peu, depuis qu'on a compris ce qu'il advenait des morts. Ses motivations sont sûrement plus complexes qu'il n'y paraît, mais rien à faire, il peut continuer à tuer si ça lui chante. La visite de l'île d'Aeden est du même acabit. On a l'impression de faire du sur-place, l'auteur préférant multiplier les astuces grossières pour ralentir l'avancée de ses explorateurs, et surtout pour éviter de donner trop tôt la réponse aux mystères de la montagne entourée de nuages.

Et c'est à ce moment qu'on se souvient que Nous les Dieux est composé de trois tomes, et qu'on tient ici le premier entre nos mains. Y a-t-il matière à écrire trois tomes ? A vrai dire, après la lecture du premier tome, j'en doute. Si je reconnais que le monde créé est assez inédit pour qu'on s'y intéresse, que le point de vue des dieux sur l'humanité a un aspect souvent ludique, parfois révélateur, en tout cas assez intéressant pour qu'on le développe, je reste de marbre face à l'intrigue, trop répétitive et prévisible, et face aux idées déjà rabâchées dans les précédents livres de l'auteur qu'il nous ressert sans grands changements (on retrouve encore et toujours la théorie des nombres et de l'évolution 1,2,3,4..., celle des rats et de leur castes). Même le final laisse à désirer, expédié en deux lignes, comme pour marquer une fin qui n'existe que pour séparer une histoire en trois tomes.

Enfin la traditionnelle énigme, marque de fabrique du roman Werber ne sera pas élucidée dans ce tome. Renforçant d'autant plus l'impression de se trouver en face d'un livre étalé sur trois à grand renfort de longueurs et d'idées répétées. Au final, si on laisse de côté l'univers et le cours sur la mythologie, qu'est ce qui nous donne envie de continuer Nous les Dieux en lisant les tomes 2 (Le souffle de l'histoire) et 3 (Le dernier mystère), qui paraîtront sans doute dans les années à venir ? La seule réponse qui me vient à l'esprit est celle de l'énigme, posée par Aphrodite à notre élève dieu Michael Pinson :

C'est meilleur que Dieu.
C'est pire que le Diable.
Les pauvres en ont.
Les riches en manquent.
Et si on en mange on meurt.
Qu'est ce que c'est ?

Si vous ne connaissez pas la réponse, autant vous le dire, ça n'est pas un compliment.