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/ Critique - écrit par Danorah, le 04/01/2008
Notre verdict : 0/10 - Sublime (Fiche technique)

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"Même si je ne suis qu'un flocon de songe je dois regagner la tête pensante dont on m'a extirpé." Maurice G. Dantec, Machines à écrire 1.0 - Artefact

Critique de Machines à écrire 1.0 - Artefact, version 1.

Maurice G. Dantec est un génie. Il l'est, car il ne peut être que cela. Si vous en doutez, lisez Artefact. Ou plutôt, survivez à l'expérience Artefact. Lisez-le mot à mot, n'en négligez aucun, car l'exhaustivité est le seul moyen d'accéder à la quintessence pure de la compréhension. Laissez-vous submerger par l'inéluctabilité du premier des trois récits qui constituent ce triptyque (à ce propos, notez le très fort symbolisme qui se dégage de cette trinité diabolique, sublimée dans les dernières pages par cette mystérieuse révélation de l'Ange : « Tu auras deux choix, mais pour une fois, ils ne feront pas qu'un, ils feront trois. » - vertigineuse mise en abyme de l'iniquité du système cartésien qui régit notre monde dans toute sa splendeur de rigidité et d'étroitesse). La beauté du geste, la montée en tension, puis l'explosion de la vérité, douloureuse et violente comme une exposition trop brutale à une lumière blanche et chirurgicale. Oubliez ensuite tout ce que vous savez ou croyez savoir sur l'univers et les choses pour vous laisser pénétrer par l'insondable, le mystère de l'existence, de l'être et de l'écriture de soi : enivrez-vous du second récit, pièce centrale et maîtresse de ce vaste édifice littéraire que constitue Artefact. Une fois le mystère révélé, vous pourrez alors aborder sereinement le troisième et dernier récit, qui vous plongera au plus profond des « racines du mal », au plus profond de vous-même en somme, dans un ailleurs si peu connu et dont on revient si difficilement, et au prix de quels sacrifices ! Subissez la violence du propos, car elle est nécessaire. Plus subtilement encore : didactique. Vous ne pourrez tourner la dernière page sans avoir été indescriptiblement changé. Métamorphosé. Et même - osons la vérité, qui est comme vous l'apprendrez à la fois une et multiple, toujours changeante et pourtant jamais tout à fait indécelable - transfiguré. Oui. Artefact est bien plus qu'une œuvre littéraire au sens banal, au sens humain du terme. Artefact est. Force ontologique à l'état brut, concentré de puissance mentale et de conscience absolue, si difficilement accessible au commun des mortels qu'il est normal, désespérément, pathétiquement normal que la plupart d'entre vous, pauvres humains que vous vous efforcez d'être, n'y voyiez que des salmigondis teintés d'horreur et de science-fiction. Artefact est. Et Maurice G. Dantec est un génie.

 

Critique de Machines à écrire 1.0 - Artefact, version 2.

Maurice G. Dantec est un charlatan. Trois histoires en une, réunies sous le nom d'Artefact. La première (et aussi la moins détestable), celle d'une sorte de faux extraterrestre qui sauve une petite fille des décombres fumants du World Trade Center. La seconde (et aussi la moins intelligible), celle d'un homme qui se réveille un beau jour sans le moindre souvenir dans une maison vide, avec au pied de son lit une machine à écrire (ne croyez pas qu'il aurait le bon sens d'aller chercher de l'aide chez les voisins, ça ferait tourner court tout le pensum auquel M. Dantec cherche à soumettre son lecteur.) La troisième (et aussi la plus atroce), celle d'un homme plus vraiment homme puisqu'il se dit frère du Diable, et dont les agissements abjects pourraient en effet nous en convaincre pour peu que l'on ne soit pas irrévocablement athée. Un fil conducteur : le style de Maurice G. Dantec, pesant, répétitif, et par-dessus tout, abscons. A moins de souhaiter ardemment s'offrir une bonne grosse migraine bien sentie (ne vous en faites pas, douze heures de sommeil et tout s'arrange), la plupart des réflexions développées dans ce roman sentent plus l'esbroufe prétentieuse enveloppée d'artifices stylistiques (très fashion tous ces anglicismes qui égayent le texte) que la pensée éclairée. Si encore celles-ci ne portaient pas atteinte au rythme narratif et au bon déroulement de l'histoire... mais quelle histoire ? Celle d'un homme pas très humain qui prend soin d'une petite fille orpheline ? Passe encore. Celle d'un homme qui, n'ayant plus de souvenirs, part dans des délires hallucinés complètement ésotériques, non seulement dépourvus de sens mais également du moindre intérêt esthétique ? A mourir d'ennui. Celle d'un homme inhumain qui inflige à ses victimes des tortures toutes plus intolérables les unes que les autres, avec toutes les réflexions pseudo-philosophiques qui vont avec ? Alors là c'est vraiment trop. Quelle que soit la morale de l'histoire, si tant est qu'il y en ait une, quelle que soit la leçon à en tirer (et il faudra la tirer tout seul, car M. Dantec vous met sur la voie, mais se garde bien de trop vous guider, donnant parfois presque l'impression de ne pas savoir lui-même où il veut vous mener), la vacuité de ces trois récits et l'inintelligibilité des réflexions qu'ils recèlent risquent de vous pousser à bout. De nerfs, et de patience. On vous aura prévenus : Maurice G. Dantec est un charlatan.