5/10Les Annales du Disque-Monde - Tome 26 - La vérité

/ Critique - écrit par nazonfly, le 24/09/2010
Notre verdict : 5/10 - Verreux, té ! (Fiche technique)

Un vampire photographe allergique aux flashs, un journaliste qui s'appelle Des Mots, des nains primeurs. Pas de doute, c'est le Disque-Monde.

Et de 25 ! Du moins en poche : la série de l'Atalante en est déjà au 32ème tome, et il faut signaler que le 25ème tome des Annales du Disque-Monde n'est pas paru en poche, ce qui fait que ce 26ème tome est le 25ème chez Pocket (vous suivez toujours ?). 25 numéros en tout cas d'une saga loufoque, sur un monde en forme de disque et complètement déjanté (ce qui ne veut certainement dire que rien ne tourne rond sur le Disque-Monde). A quoi va être mangé le lecteur dans ce tome des Annales du Disque-Monde, sobrement intitulé La vérité ? Une question toute simple à laquelle nous allons tenter de répondre par la suite.

Presse à grumes

Le Praticien Vétérini, chef de la vénérable cité d'Ankh-Morpork, a perdu ses nerfs et a sauvagement agressé Tambourineaud son assistant. Il croupit désormais en prison en attendant son procès et sûrement son remplacement au plus haut poste de la cité. Il faut dire que ça lui pendait au nez depuis qu'il avait mis de l'ordre dans la montagne d'ordures qu'est Ankh-Morpork. Et cette étrange agression vient à point nommé pour destituer le redoutable Praticien. Pendant ce temps-là, une véritable révolution secoue les dessous crottés de la vénérienne cité : on vient de créer un journal, un véritable journal d'informations. On n'avait pas vu d'inventions plus extraordinaires depuis celle du clic (voir Les zinzins d'Olive-Oued). A côté de cette presse libre, va aussi se monter une presse de tabloïds toujours à l'affut de phénomènes étranges et extraordinaires comme une pluie de chiots ou un légume à la forme rigolote (celle de panais la plupart du temps évidemment).

C'est riz du Disque-Monde

La place de La vérité dans les Annales du Disque-Monde est à part puisqu'elle ne fait pas partie des grandes séries disquemondiales sur la Mort, le Guet ou les Sorcières. Les esprits érudits le classent, comme Les zinzins d'Olive-Oued, dans la catégorie Révolution industrielle. Certes on va évidemment croiser quelques grandes figures d'Ankh-Morpork comme le Capitaine Vimaire sans peur et sans reproches, Chicard devenu, comme par magie, loup-garou ou encore Gaspode, le chien parlant. Sans oublier la Mort, l'incontournable Mort qui fait une apparition en célébrant une disparition. Mais ce sont de nouveaux personnages que tiennent le devant de la scène ici : Guillaume Des Mots, fils du seigneur Des Mots toujours prêt à défendre la cité au mépris de son propre sort (en gros un bourrin illuminé qui ne voit la solution que dans la violence et la mort, même si c'est la sienne), Otto Chriek, le vampire photographe (on vous laisse imaginer ce que donne un vampire photographe quand le flash se déclenche) ou le duo de tueurs Monsieur Lépingle - Monsieur Tulipe.

Nain primeur

On pourrait croire que cette description sommaire ne fait pas honneur aux personnages de Pratchett, mais il faut dire qu'ils n'ont pas la présence des Vimaire, Mémé Ciredutemps ou Rincevent : désespérément plats et fades (encore qu'on ne puisse pas réellement considérer Ron l'Infect et ses acolytes comme fades), ils sont surtout beaucoup trop sérieux. Il manque d'ailleurs au livre entier cette plume mordante et riante qui a rendu Pratchett célèbre. Ainsi dans Les zinzins d'Olive-Oued, la transposition du monde du cinéma à l'univers médiéval du Disque-Monde ne pouvait qu'être une réussite tant la distance entre les deux était gigantesque. A l'opposé, l'imprimerie ayant connu son essor au XVème siècle, il n'y a pas cette distance qui permet la parodie.

S'il est loin d'être inintéressant, La vérité est sans doute le tome le plus plat des Annales du Disque-Monde (en tout cas, des 25 premiers). L'esprit caustique de Pratchett, sa folie et son originalité sont quasiment absents. Certes on ne s'ennuie pas à la lecture de ces pages mais on ne rit pas non plus de bon cœur. Et c'est une bien belle déception au final.