7/10Les Annales du Disque-Monde - Tome 13 - Les petits dieux

/ Critique - écrit par nazonfly, le 27/11/2009
Notre verdict : 7/10 - De Chelonian Mobile (Fiche technique)

Om, le grand Dieu Om borgne aime descendre rendre visite à ses fidèles. Sous la forme d'un taureau. Ou d'un lion. Pourtant Frangin le découvre un jour sous la forme d'une tortue.

Dans Ego-Video Liber Deorum (Les Dieux : guide du voyeur), le philosophe théologien Koumi de Smale s'interroge sur la réalité des Dieux et surtout de l'Être Suprême qui a créé le monde. D'ailleurs quand on se rend compte du fonctionnement du Disque-Monde, on peut franchement se demander s'il y a vraiment eu un Être créateur et s'il était sain d'esprit. Ce qui est certain par contre, c'est qu'il existe des dizaines de petits dieux, des milliers peut-être. On pourrait citer Astoria la déesse de l'amour, Tuvelpit le dieu du vin ou Om le dieu d'Omnia. En réalité, il suffit d'un seul fidèle qui croit réellement dans son Dieu pour que celui-ci se mette à exister. S'il y a assez de monde pour croire, tu peux devenir dieu de n'importe quoi...

Une tortue apprend à voler

Dans le ciel bleu d'Omnia, un aigle plane tenant quelque chose entre ses serres. L'aigle est un animal intelligent. Du genre à savoir comment savourer la chair d'une tortue même cachée dans sa carapace. C'est pour ça que le Dieu Om, bizarrement dans la peau d'une tortue prise dans des serres, se retrouve à voler dans le ciel avant d'atterrir sur un tas de fumier.

« Psst ». Frangin l'Elu entend bien une étrange voix qui résonne dans sa tête mais difficile de tenir compte d'une voix quand il n'y a pas de corps vers qui se tourner. A moins que cette tortue... Frangin l'Elu est un novice de la Citadelle de Kom, en Omnia, dans l'Eglise du Grand Dieu Om. Plutôt limité intellectuellement, Frangin, doté qui plus est d'une mémoire incroyable, croit fermement en son Dieu. Il est bien le seul. Le voilà en tout cas embarqué avec l'effrayant diacre de la Quisition, Vorbis, en direction de la proche Ephèbe, patrie des philosophes, ceux qui courent souvent nus dans les rues en criant Eurêka.

Et pourtant Elle se meut !

Dans ce treizième tome des Annales du Disque-Monde, Pratchett s'attaque de front à la religion et à ses petites déviances bénignes, comme la torture ou l'obscurantisme. C'est ainsi que le terrible Dieu Om découvre que ses fidèles sont censés suivre des préceptes qu'il est loin d'avoir conseillés, des préceptes en général dictés par des prophètes du désert, amateurs de champignons. Heureusement une secte dissidente lutte en secret pour faire admettre à tout le monde que les disciples d'Om se trompent en croyant le Disque-Monde en forme de sphère. Qui serait assez stupide pour croire à un monde sphérique suspendu en l'air ? Non, la Tortue existe et se meut !

Mais Pratchett renvoie aussi dos à dos les religions et les philosophes en dressant un portrait vraiment drôle de ces derniers capables d'avoir neuf pistes de réflexion inutiles (comme le fameux « Un arbre qui s'abat dans la forêt fait-il du bruit quand il n'y a personne pour l'entendre ? ») pour une seule idée exploitable.

 

Mais la réussite de Les petits dieux réside dans son pitch initial : un Dieu puissant et cynique se retrouve prisonnier d'une apparence de tortue, et n'a qu'un seul fidèle d'une bêtise étonnante. Du fait de sa petite taille, les malédictions d'Om tombent à plat, les messages divins sont complètement ignorés. Bref, si ce tome peut paraître longuet, le Dieu Om est toujours là pour dérider les fidèles de Pratchett.