5/10Les Animaux sont cuits

/ Critique - écrit par Lestat, le 13/07/2005
Notre verdict : 5/10 - Burp (Fiche technique)

Avez-vous déjà dégusté des chips de python avec de la mayonnaise d'asticots ? Une choucroute de Yorkshire ? Du saucisson de zèbre ? Du guacamole de grenouille ? Alors le Précis de Cuisine Bestiale de Max Lamoure est fait pour vous. Plus de deux-cents pages de recettes tour à tour ou tout à la fois loufoques, non-sensiques, cruelles ou dégoûtantes, orchestrées par un auteur qui n'aime pas les animaux... ou tout du moins ailleurs que dans son assiette.

Présenté sous forme d'un livre de cuisine classique, Les Animaux sont Cuits dépoussière l'art culinaire tout en donnant de l'urticaire à la fondation Brigitte Bardot. Le recueil s'ouvre sur une classification maison des animaux, n'ayant bien sur rien de darwinienne, porte ouverte au pétage de plomb intégral qui attend le lecteur. Un seul mot d'ordre : pourquoi faire simple alors qu'on peut faire compliqué. C'est selon cette maxime que vous apprendrez à capturer des fourmis, aplatir un kangourou, couper des queues de castor, attirer les mouches ou faire flamber des crêpes en apesanteur. Savoureuse oeuvre à déguster sur le pouce en toute légèreté ? Hélas, la cuisine de Max Lamoure est grasse, se fige rapidement et reste sur l'estomac. Car si le concept est bon, Les Animaux sont Cuits n'évite pas une certaine lourdeur.

Ce n'est pas tant que Max Lamoure parte dans le crado plus que de raison qui est problématique, c'est plutôt qu'il donne à ses recettes la subtilité d'un rhinocéros, en sushi ou non. De fait, Les Animaux sont Cuits agace rapidement. Si il y a quelques pages bien troussées, le recueil navre plus qu'il n'enthousiasme. Il manque à tout ces plats une sorte d'alka-seltzer qui ferait passer le tout sans trop de problèmes. C'est un peu le piège de l'humour noir, et force est de constater que l'auteur y plonge des deux pieds, d'autant plus que son style connaît des hauts et des bas.

Les Animaux sont Cuits a pour lui une certaine originalité, mais s'embourbe sous son propre poids. Au fil des pages s'installe le sentiment étrange de lire un livre de cuisine écrit par le Docteur G, fameux personnage de Philippe Geluck, et sur un ouvrage de cette taille, ça fait bien long. Dommage, car hormis sa lourdeur, Les Animaux sont Cuits attirait plutôt la sympathie. On se consolera avec une poignée de recettes particulièrement bien trouvées, dont une plutôt corrosive intitulée KKK. Comme quoi ce genre de divertissement peut fort bien s'accommoder d'un certain engagement et d'une double lecture. Il convient également d'indiquer que l'ouvrage perd beaucoup à être lu d'un bloc. Découvert petit à petit, sa lecture se fait bien plus plaisante.