J'aime Twilight... et j'assume

/ Article - écrit par Islara, le 07/10/2014

Tags : bella twilight histoire edward livre film vampire

Vous détestez Twilight comme la majorité des gens ? Alors vous vous demandez probablement pourquoi certains aiment...

Un beau matin, ou plutôt un beau soir, hésitant sur la façon dont nous allions occuper notre soirée, nous nous sommes rabattus complètement par hasard sur un phénomène que nous avions suivi de loin, très loin. C'est-à-dire qu'en ce qui nous concerne, nous avons une vie très remplie d'activités à la fois humaines, ludiques, sportives et professionnelles variées. Donc, franchement, les phénomènes journalistiques et médiatiques, on les fuit plus qu'autre chose ; le temps est précieux.

J'ai vu "vampire, amour, lycée" et, en bonne fan de Buffy que je suis, le titre Twilight m'a alors tentée. Ma foi, le début m'a bien plu. Atterrissage au fin fond des Etats-Unis dans un patelin inconnu, comme prévu dans un bahut américain, avec tous les attraits séduisants qu'il présente pour la franchouillarde que je suis. Ben oui, les bahuts américains, c'est complètement autre chose que les nôtres. C'est d'ailleurs aussi pour ça que j'adore les mangas qui se déroulent dans des lycées japonais (ex : Kids on the slope), car c'est très différent. J'aime quand on se sent sur une autre planète en regardant un DVD, même si en réalité on n'est qu'à une dizaine d'heures d'avion du pays concerné. Bref, donc l'environnement m'a complètement séduite.

J'aime Twilight... et j'assume
Il était une fois, dans un lycée américain...

Arrivent ensuite les personnages : toute la petite clique de lycéen-nes, avec leurs clubs, leurs commérages, leurs caciers, leurs états-d'âmes par lesquels nous sommes tous passés et qui nous donnent un brin de nostalgie. C'est beau d'être insouciant. Et cerise sur le gâteau, on nous ajoute des Amérindiens. On pourra dire ce qu'on veut sur les probables clichés qui sont véhiculés dans Twilight et sur le manque de réalisme à leur sujet, mais le fait est que le film a le mérite de parler d'eux. Parce qu'en y regardant de près, finalement, il n'y a pas beaucoup de productions qui les mettent dans le paysage de la population américaine. Ils passent un peu à la trappe ces gens, pourtant parqués dans des réserves avec l'Histoire tragique que l'on sait. J'ai d'ailleurs cru comprendre que les historiens commencent à débattre de la question de savoir s'il y a eu génocide ou non. Je ne suis pas historienne donc je n'irai pas plus loin, mais je suis sensible à cette question et ça m'énerve de voir que les Indiens sont assez absent du cinéma américain sauf pour parler de leur Histoires ou de leurs problèmes. Alors quand un film parle des Indiens, des réserves, de leurs écoles (eh oui, on apprend qu'ils ne vont pas dans les mêmes écoles), sans pour autant que le sujet soit centré sur leurs problèmes de vie, bref, qu'ils soient traités comme les autres, sans être le sujet-problème, eh bien ça me plaît.

Puis, le meilleur arrive, non pas Bella bien sûr, mais les vampires. Ah j'avoue que leur jeu d'acteur, leur maquillage, leur aura m'a très agréablement surprise. Je ne sais pas trop comment les réalisateurs s'y sont pris pour leur donner cet aura bizarre, lente, brumeuse, qui contraste énormément avec les quelques passages d'action ultra-rapides, mais ce fut pour moi très prenant, presque envoûtant. Et justement, parlons-en de l'action, il n'y en pas, ou peu. Ah que ça fait du bien ! J'ai eu ma dose, comme je vous le disais, j'ai une vie bien remplie, alors l'action ça me fatigue, ça me soûle au sens propre du terme. Donc c'est très bien qu'il n'y en ait presque pas. J'ai aussi largement apprécié que les vampires façon Twilight aient toute un série de particularités qu'on ne retrouve pas habituellement chez les vampires : résistance au soleil, couleurs des yeux, méthodes traditionnelles pour les tuer inefficaces, pouvoir spécial pour certains, reflet dans un miroir, processus spécial de mutation avec une mention spéciale pour le chapitre entier exceptionnel consacré dans le livre à la transformation de Bella.

J'aime Twilight... et j'assume
Un triangle amoureux à rebondissements et à la conclusion inattendue.

Parlons justement de Bella. Avec le temps, j'ai bien fini par comprendre qu'à l'exception des fans de la série, la plupart des gens n'en pouvaient plus d'elle, de sa niaiserie, de son manque de personnalité, du vide de sa vie. Mais c'est ça qu'est bien. Marre des héros/héroïne surfaits, parfaits, ultra-bright, ultra-slim, ultra-société de consommation-culture de l'apparence. On a juste une fille banale (mais en réalité pas si banale au finale quand on va jusqu'au bout et ça aussi c'est topissime ce retournement) et elle est l'objet d'un triangle amoureux comme on les aime. Ben oui, le triangle amoureux, c'est vieux comme Hérode, même plus que lui, c'est une recette qui marche, pour peu qu'on aime un peu les histoires d'amour, et ce triangle a été suffisamment bien exploité pour que je l'ai apprécié de bout en bout. Tout était prévu du début jusqu'à la fin. Jacob avait une réelle raison d'être, une utilité fondamentale qui allait bien au-delà du simple rival d'Edward. Et jusqu'à ce que l'on finisse par comprendre l'explication, on est bien pris par le suspense de savoir qui Bella va finir par choisir. Les retournements de situation ne manquent pas, entre l'idylle du début, l'abandon d'Edward, la percée de Jacob puis le mariage et le bébé qui concluent définitivement l'affaire, surtout qu'en plus, on ne le voit pas vraiment venir le bébé. Dans le livre, j'ai d'ailleurs énormément apprécié toute la partie mélancolie de Bella après qu'Edward l'ait quitté. Certes, c'est long et débordant de sentimentalisme, "d'émotionalisme", mais n'est-ce pas réaliste ? Souvenez-vous de votre première rupture quand vous étiez ado. Vous étiez exactement comme ça, c'était la fin du monde, la vie n'avait plus de sens. Eh oui, on est souvent ridicule quand on est adolescent. Ainsi va la vie. À l'évidence, j'ai un vrai brin de nostalgie pour l'adolescence et j'adore qu'on m'y fasse replonger. Cela doit aussi expliquer pourquoi j'ai littéralement adoré Harry Potter au point de lire en anglais les trois derniers tomes (seul bouquin que j'ai lu en anglais de toute ma vie).

Mais revenons à nos moutons. J'ai appris par la suite que des clans pro Jacob/pro Edward s'étaient constitués et que de terribles batailles avaient fait rage entre les membres de chaque clan. Vous l'aurez compris, j'avais autre chose à faire que de rejoindre un de ces foutus clans. Néanmoins, la recette du triangle amoureux ayant fait son petit effet sur moi, j'avais bien sûr mon parti prie et je ne pouvais jamais m'empêcher de m'énerver quand les choses tournaient dans le mauvais sens. Coup de chance, j'ai parié sur le bon (sinon, je n'écrirais pas ces lignes) et l'histoire a évolué dans le sens que j'espérais. Exit le vilain Jacob qui a osé embrassé Bella de force, toujours en colère, toujours nerveux, toujours jaloux, qui croit savoir tout mieux que tout le monde, bref le prototype du mec macho qui croit qu'être un homme c'est être une brute et qui pense qu'il a le devoir de protéger les femmes malgré elle et contre leur volonté. Bien fait pour lui que Bella ne l'ait pas choisi ! D'ailleurs, ça lui a permis de grandir. Il devient bien meilleur après le mariage. Et au passage, Bella lui donne une jolie leçon une fois devenue vampire, hi hi.

J'aime Twilight... et j'assume
Un scénario écrit intégralement dès l'origine.

Mais tout ceci n'est rien face au meilleur de toute la saga (et pour ça il faut lire les livres bien sûr, car sur ce point les films ont fait quelques amputations qui font perdre un peu de sa saveur à Twilight mais pas trop) : le scénario. Un scénario prévu de A à Z dès l'origine, comme dans Harry Potter, comme dans Babylon 5, où tout est écrit depuis le début, où tout est lié, où chaque détail a son importance, que ce soit les pouvoirs particuliers des vampires, l'apparition des loups-garous qui n'en sont d'ailleurs pas en fait, les manigances des Volturi, la naissance du bébé, le rôle du père de Bella, le rôle particulier de Jacob, la destination du voyage de noces, la femme-loup, le retournement de situation avec Rosalie etc... Le tome 4 est à l'évidence le point d'orgue de cette trame incroyable et il se dévore à toute vitesse, comparé aux trois premiers. La tension extrême du combat final qui dure sur presque 100 pages est sur ce point extraordinaire. Le lecteur est complètement tiraillé entre l'angoisse qu'une petite fille innocente perde ses parents, ou pire qu'elle soit assassinée avec eux, l'angoisse de savoir comment ils vont bien pouvoir s'en sortir, la colère contre celle qui a bêtement trahi par vengeance, la compassion quand on la voit regretter et payer si cher le prix de sa bêtise, le mépris intense, proche de la haine, éprouvé envers les assoiffés de pouvoir que sont les hypocrites et sournois Volturi, le soulagement et la joie du dénouement final.

Twilight, ce n'étaient pas les livres et les films de l'année, mais ils avaient tout pour séduire certains types de personnes. Il est pour les nostalgiques de l'adolescence, les amateurs de fantastiques et de dépaysement, les personnes sensibles aux histoires d'amour, les allergiques à l'action gratuite, les ami-e-s d'une Amérique plurielle. Je pourrai encore dire beaucoup de chose, mais je pense que j'en ai mis assez pour que vous arriviez à me fustiger. La parole est donc à vous.