5.5/10Year in the Merde (A)

/ Critique - écrit par Kei, le 06/09/2007
Notre verdict : 5.5/10 - Deep shit (Fiche technique)

Très loin d'être un incontournable, ce roman se laisse lire. Ni incisif ni corrosif, il s'agit d'un roman sans plus qui a été porté par un buzz pas vraiment mérité.

A year in the merde, c'est avant tout une extraordinaire success story. Celle d'un petit livre, édité pour un petit cercle d'amis qui est devenu un best seller en france avant même d'être traduit dans la langue de Molière. Il fait partie des premiers romans que l'on peut classer dans la catégorie récits de voyages humoristiques / sarcasme / clichés / étude de société. En clair, un roman fourre-tout qui raconte l'expérience d'un étranger venu s'installer en France. A year In the merde, c'est Sacrés français en roman, une pseudo-analyse de notre société franchouillarde saupoudrée de mauvaise foi, de sarcasme, et d'une volonté revendiquée de ne prendre en compte que des clichés.

Le souci, c'est que même si l'auteur parle des français et que l'on aime bien que l'on parle de nous, l'aspect roman est trop prépondérant pour que l'on puisse se reconnaître d'une manière ou d'une autre dans ces caricatures. On y croise donc pèle mêle : une nymphomane, des intellos post modernes à la pelle, des paysans, un homme très riche, un membre du FN, l'histoire des HLM parisiens, des grèves de la RATP, des parisiens désagréables, une manifestation de paysans en plein centre de paris... Le top du top étant bien entendu que l'homme très riche est le patron du héros, qu'il importe du boeuf anglais tout en plantant des OGM ici et là et en se présentant aux élections d'une ville dans laquelle il n'habite pas avec le soutient du FN et que sa fille, nymphomane à peine majeure vit dans un des HLM de Neuilly et qu'elle met le héros dans son lit très vite puis qu'elle lui sous-loue une chambre dans le-dit HLM.

Fantastique non ? Du coup, toute la pseudo-critique que l'on cherche à travers ce genre de roman est décrédibilisée. D'autant plus que sous un titre très aggressif se cache un livre assez peu caustique. Passé le délire avec les trottoirs infestés de crottes de chiens et les façons de commander dans un café parisien, on retient surtout que la seule chose que retient le personnage c'est que les français sont des râleurs invétérés, détestant le changement et incapables d'apprécier la qualité de vie dont ils jouissent. On cherche encore le cynisme, le sarcasme et l'acidité des propos...

Une fois que l'on a bien compris que ce n'est finalement qu'un roman comme tant d'autres, que constate-t-on ? Que l'on est en train de lire un SAS amélioré. Le héros fonce tête baissée dans les emmerdes, saute quelques filles ramassées ici et là, finit par se battre contre des puissances qui le dépassent pour finir en un happy end merveilleux dans lequel l'amour triomphe. Ouf, on a eu chaud. Le contexte franchouillard n'a rien de bien excitant. La série de l'été sur TF1 joue dans la même catégorie et nous a déjà maintes fois prouvé que ça n'a rien de folichon. Le style varie sensiblement suivant les passages. L'auteur s'essaie parfois à des bons mots, qui font parfois mouche mais qui tombent souvent à plat. En règle général, le tout n'est pas dérangeant. On avance dans le roman au fil des trajets en transport en commun sans jamais regretter de devoir s'interrompre au milieu d'un chapitre et c'est tant mieux. Le roman a été écrit sans prétention, il n'est pas responsable du buzz qui lui a conféré une sorte d'aura de "livre culte". Dès que l'on oublie le contexte pour le moins énervant au vu de la qualité somme toute moyenne du roman, on arrive à se laisser divertir.

Au final, on retiendra surtout de A Year in the merde son titre accrocheur. Pour le reste, ce n'est pas une histoire qui nous fait lever un sourcil de temps en temps qui nous laissera un souvenir impérissable. Encore une autre preuve qu'un best seller ne repose pas sur des règles logiques et qu'un peu de buzz chez les bobos fait bien mieux que n'importe quelle campagne de pub.