La Variété Andromède
Livres / Critique - écrit par Jade, le 25/04/2005 (
En 1972, alors que l'affaire du Watergate n'avait pas encore éclaté, et en était d'ailleurs assez loin, que Stephen King n'écrivait pas encore (ou si peu), sort un roman d'un jeune écrivain qui répond au nom de Michael Crichton. Andromeda Strain est sa première oeuvre, son premier succès. Ce diplômé de médecine innove en introduisant dans son intrigue des éléments éminemment scientifiques, tout en cultivant un suspense et un style très littéraire. Cette formule, empruntée aux grands de la science-fiction, Isaac Asimov s'il faut n'en citer qu'un, fera son gagne-pain pendant plus de d'une trentaine d'années, et encore aujourd'hui, qui sait si Prey, sorti il y a 3 ans est son dernier roman ?
Une sonde mystérieuse atterrit dans un petit village américain à mille lieues de nulle part, et tue à une vitesse affolante tous ses habitants, sauf un. Un comité de scientifiques spécialement dépêché pour l'occasion se lance dans l'étude de ce qui ressemble très fort à une sorte de virus d'origine spatiale. Tout les cadavres souffrent du même symptôme : leur sang a instantanément coagulé au contact de l'organisme.
Afin de pouvoir maîtriser une éventuelle propagation du virus hautement nocif sur le globe, notre groupe de chercheur se lance dans une étude sur le site même de l'impact de la sonde. Le temps est contre eux : si jamais aucun résultat positif n'est donné au bout de trois jours, le village placé en quarantaine sera détruit par un missile nucléaire, par accord spécial de Mr The President.
Ainsi commencent 72 heures de sueur, de souffrance, de recherche et de tasses de café froid pour le Dr. Jeremy Stone et ses amis qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver le monde d'un virus mortel d'un coté et d'une (petite) bombe atomique de l'autre.
Andromeda Strain est un roman qui joue sur les nerfs du lecteur. Pas ou peu d'action à proprement parler ici, l'on s'attache avant tout à observer l'évolution des recherches sur ce mystérieux Blob venu de l'espace. Le grand méchant de cette histoire est invisible à l'oeil nu et peut se propager dans un laboratoire en moins de dix minutes pour peu qu'un scientifique distrait oublie de fermer la porte en sortant prendre son déjeuner. Nul doute que de nombreuses situations périlleuses attendent nos héros au détour de leurs trois jours sans sommeil, alors que l'organisme semble évoluer à une vitesse phénoménale.
D'un point de vue technologique, Andromeda Strain a certainement bien vieilli. Mais là n'est pas le sujet du roman. Outre cette pression croissante maîtrisée avec dextérité, Crichton nous livre ici son oeuvre la plus technique, mais aussi la plus captivante. Certains passages donnent mal à la tête tant les concepts exposés sont abstraits et pourtant superbement bien expliqués. En quoi une pierre est-elle moins vivante qu'un castor ? Si vous pensez avoir la réponse, lisez ce livre avant de répondre de manière catégorique.
Il est sûr qu'Andromeda Strain ne surpassera pas le succès d'autres romans de Micheal Crichon, ne serait-ce que parce son intrigue n'a rien de bien intéressante en elle-même et que le roman n'est pas vraiment lisible de bout en bout comme tout produit commercial se doit de l'être. Pourtant, ceux qui déplorent le n'importe quoi des deux derniers Crichton devraient être fortement intéressés par celui-ci.
La légende ne dit pas si c'est après avoir lu ce livre que John Carpenter se lança dans la réalisation de The Thing...