8.5/10La Trilogie de l'Empire - Tome 3 - Maîtresse de l'Empire

/ Critique - écrit par Guillaume, le 12/09/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Mon royaume pour un cheval ! (Fiche technique)

Difficile d'oublier le nom de Raymond E. Feist. Comme souvent, voire toujours, quand il est impliqué dans un texte de fantasy, le résultat est à la hauteur.

Mara est pair de l'empire. Paradoxal pour une femme ? Pas nécessairement, même si c'est l'une des seules femmes de l'empire Tsuranuanni possédant du pouvoir.

A vrai dire, son statut de pair de l'empire en fait la seconde plus importante personnalité de l'empire. La première étant, comme chacun le sait, la lumière du ciel, l'empereur détenteur du pouvoir suprême.

Tapis dans l'ombre et ouvertement craints, l'Assemblée (des magiciens en robe), possède de très grands pouvoirs, et a un statut encore plus imposant... celui d'être hors de la loi. Sa seule motivation, et seule justification étant le bien de l'empire.

Autour de ces différents protagonistes gravitent toute une flopée de maisons, directement inspirées d'un modèle asiatique médiéval. Mara dirige celle des Acoma. Grâce à son statut et ses alliances, elle peut dormir tranquille, dirigeant directement ou indirectement les armées les plus puissantes du pays.

Mara aspire à la tranquillité et au bonheur. L'empire est stable, la situation politique tout autant. Tout est parfait. Tellement parfait.
C'est le moment que choisit le Tong Amoï, une secte d'assassins particulièrement retors, pour frapper... et rater leur cible, emportant l'un des fils de Mara dans la mort. Tout semble désigner le seigneur Jiro de la maison des Anasati comme commanditaire.

Les hostilités commencent alors, soigneusement patronnées par l'Assemblée, qui souhaite officiellement éviter les effusions inutiles de sang. Mais Mara n'entend pas se laisser faire et va consacrer tout son potentiel à l'élimination de ses ennemis

 

Difficile d'oublier le nom de Raymond E. Feist. Comme souvent, voire toujours, quand il est impliqué dans un texte de fantasy, le résultat est à la hauteur. L'écriture est plaisante, le style agréable, sans originalité audacieuse, sans débordements. Mais au-delà d'une certaine aisance dans l'écriture, c'est bel et bien l'univers qui accroche le lecteur, ainsi que le traitement des personnages.

Mara, femme de pouvoir, présente une énorme palette de sentiments, allant du désespoir comateux à la joie la plus sauvage, en passant par la résignation. Elle s'agite, souvent vainement, mais toujours aidée par un entourage fidèle.

Arakasi le maître espion n'est d'ailleurs pas le dernier à lui faciliter la vie, mettant la sienne dans la balance pour le bien de la maison Acoma. Il infiltre une maison ennemie bien mieux qu'un quelconque James Bond et possède plus de bravoure qu'un Cimmérien. Pourtant, il découvrira son humanité, et acceptera dès lors de ne plus être le tueur au sang-froid glacial qu'il a toujours pu être.

Honaku, le consort du pair de l'empire, mettra son honneur et son empathie au service de sa dame. Mais ne pourra que plier devant certains sentiments de vengeance.

Ainsi, sans être extrêmement complexes, trop difficiles à saisir, les personnages de la Maîtresse de l'Empire, présentent tous de multiples facettes. Tantôt ils seront solides et stables, tantôt ils s'ébranleront, quitte à tomber plus bas que jamais.

Cette absence de manichéisme absolu, pourtant facile quand il est question de rivalités entre plusieurs camps, permet à l'intrigue d'avancer, en faisant plaisir au lecteur par des clins d'œil à ses lectures passées, par des scènes d'action experte, voire par des stratégies et des tactiques subtiles de manipulation.

On assiste d'autant plus avec plaisir au déroulement de l'aventure que l'aspect fantasy n'est pas, comme malheureusement trop souvent, la finalité. Au contraire, si l'univers est étonnant et dépaysant, il est d'autant plus marquant qu'il sait s'éclipser, au profit d'une histoire où les futilités personnelles alternent avec des enjeux de la taille d'un royaume.