10/10Le Silmarillion

/ Critique - écrit par nazonfly, le 15/04/2010
Notre verdict : 10/10 - Après une dizaine de lectures (Fiche technique)

Le silmarillion est, sans aucun doute, l'oeuvre majeure de Tolkien, celle sans qui le Seigneur des Anneaux ne serait qu'un autre univers fantastique sans saveur. Essentiel !

Le Silmarillion. A l'évocation de ce nom, des dizaines de milliers de lecteurs tremblent et se frappent la tête contre le mur se rappelant de longues et horribles heures passées à se démener dans les griffes de John Ronald Reuel Tolkien. L'œuvre de l'anglais, on le sait, est gigantesque et ses deux romans les plus connus, Bilbo le hobbit et Le seigneur des anneaux, ne sont que la partie émergée d'un iceberg, deux minces parenthèses de l'histoire millénaire de la Terre du Milieu. Le Silmarillion conte en effet l'histoire de cette Terre appelée Arda depuis sa création jusqu'à la chute de Sauron.

Une épopée millénaire

De feu et de flammes
De feu et de flammes
Cette formidable épopée s'organise en cinq grandes parties : Ainulindalë (la Musique des Ainur), Valanquenta (l'Histoire des Valar), Quenta Silmarillion (l'Histoire des Silmarils), Akallabeth (la Chute de Númenor) et Les Anneaux de pouvoir. Dès cet énoncé, le lecteur sent, au choix, le souffle épique des légendes ou poindre un sacré mal de tête. L'imagination fertile de Tolkien lui fit en effet créer un monde entier, de la cosmogonie jusqu'aux derniers jours des Elfes sur cette Terre. Dans les deux premières parties du livre, nous assistons ainsi à la création du monde par Eru et les Ainur (qui deviendront Valar) et sur la montée en puissance de l'Ennemi, Melkor appelé aussi Morgoth et de ses serviteurs, Sauron et les Balrogs notamment. Mais ce n'est qu'une mise en bouche pour le Quenta Silmarillion qui constitue les trois quarts du Silmarillion en lui-même. Il faut dire que Tolkien raconte une grande partie de l'histoire des Elfes (ou Quendi) depuis leur réveil aux bords du lac de Cuivenen jusqu'à leur retour sur Valinor, l'île des Dieux. Evidemment ce n'est qu'un très bref résumé de cette histoire basée sur les Silmarils, ces joyaux créés par Fëanor et qui ont entraîné la malédiction des Elfes. On y retrouve notamment la légende de l'amour de Beren l'Homme et Lúthien l'Elfe, ancêtres de Aragorn et Arwen, ou encore celle de Túrin D'eau et de vagues
D'eau et de vagues
Turambar, maudit par Morgoth. Ainsi que toute l'histoire des Elfes de la Terre du Milieu, de ceux qui n'ont pas voulu suivre les Valar sur Valinor, à ceux qui y sont allés plus tard, de ceux qui aiment les forêts à ceux qui préfèrent les cavernes, de ceux qui vivent dans une cité cachée dans les montagnes (la fameuse Gondolin) à ceux dont les terres sont protégées par l'anneau magique de Melian. Ensuite Akallabeth nous raconte l'histoire de Númenor, cette île peuplée d'Hommes qui se rebelle contre les Valar et finit engloutie sous les eaux. Pour finir, Les anneaux de pouvoir reprend et complète le Seigneur des Anneaux, notamment sur le passé des Anneaux. Comme dans cette dernière oeuvre, Le silmarillion se clôt avec des appendices composés d'arbres généalogiques, de cartes, d'indications sur la prononciation et la signification de nombreux mots elfes et un très utile index des noms.

Un foisonnement déstabilisant

D'air et de vents
D'air et de vents
Vous l'aurez compris, Le silmarillion est d'une richesse incomparable et digne des histoires mythiques les plus poussées. Il est d'ailleurs si riche que le lecteur n'est parfois pas loin de l'indigestion. Un simple exemple : les Elfes. Après leur naissance au bord du Cuivenen, ils sont invités par les Valar à Valinor. Une partie refuse le grand voyage et on les appelle Avari, tandis que ceux qui acceptent sont appelés Eldar. Parmi les Eldar, on distingue trois légions, les Vanyar, conduits par Ingwë, les Noldor du peuple de Finwë et les Teleri dirigés par Elwë Singollo et son frère Olwë. Parmi les Teleri, on distingue ceux qui arrivent effectivement à Valinor, puis ceux qui restent en Terre du Milieu, les Sindar et les Nandor. Vous êtes perdu ? C'est volontaire. Car Le silmarillion ne s'apprivoise pas en quelques lignes et c'est, au contraire, au bout du récit, voire après plusieurs lectures, que la compréhension se met en place. Ce qui ne fait que renforcer l'admiration pour Tolkien. Pour compléter le tableau, il faut noter que l'histoire des Silmarils s'étend sur plus d'un millier d'années et que, en conséquence, un nombre considérable de personnages interviennent. Qui plus est, certains changent de nom selon les périodes de leur vie. Ainsi Túrin, fils de Húrin est tour à tour appelé Neithan (Le dépossédé), Gorthol (Heaume de terreur), Agarwaen (Le sanglant), Mormegil (La noire épée) et Turambar (Maître du destin). Et je ne parle pas des fréquentes erreurs dans la version lue ici qui, je l'espère, ont été corrigées par la suite.

Malgré ces écueils certains pour qui est à peu près sain d'esprit, Le silmarillion est une formidable œuvre. Il est parcouru d'une fièvre mythologique et surtout épique exceptionnelle. Il est impossible de ne pas s'enthousiasmer de l'exploit de Beren et Lúthien devant Morgoth, de ne pas frémir devant le Ver de Morgoth, Glaurung, de ne pas s'emporter contre Fëanor et ses fils et leur entêtement imbécile... Bref, Le silmarillion est un livre très prenant et très impressionnant, même s'il nécessite plusieurs lectures pour être véritablement apprécié.