Shanghai baby
Livres / Critique - écrit par Kassad, le 04/02/2004 (Tags : baby shanghai livres roman livre chine poche
C'est précédé d'une aura scandaleuse que Shangai Baby est arrivé en occident. Interdit, mis à l'index par un pouvoir chinois dont on connait tout le respect pour la liberté d'expression (il faut savoir que ce roman en plus d'avoir été censuré a quand même été activement pilonné) ce roman d'une jeune Chinoise serait-il, après les événements de la place Tien an Men, devenu le nouvel étendard d'une génération en lutte avec un pouvoir vieillissant ? La première réponse qui me vient est que si ce roman est tout ce que peut produire la Chine en terme de rébellion et de provocation cela signifie que l'écart entre l'occident et l'orient est encore plus énorme que je n'aurais pu l'imaginer. Pour un européen normal il est en effet très difficile de distinguer ce qui a bien pu provoquer l'ire du comité central chinois. Un peu d'érotisme gentillet (il est vrai écrit par une femme, finalement c'est peut-être ça qui a choqué : moi qui pensais que la Chine était plutôt avancée dans le domaine de la parité...) mêlée à la description d'une jeunesse dissolue mais dont les frasques sont franchement timides par rapport à ce que vous pouvez vivre dans les soirées étudiantes françaises "de base".
Alors d'où vient ce parfum de soufre ? Franchement je crois qu'il est plus dû aux blocages de la société chinoise qu'au roman lui-même, qui je le répète, sur ce plan-là ne va pas plus loin qu'une interview d'un bon vieil Ardisson du samedi soir. Pas vraiment de quoi émoustiller la ménagère de moins de 50 ans, ni qui que ce soit d'ailleurs...
Mais la réputation du roman ne doit pas nous empêcher ni de l'apprécier (après tout ce n'est pas de sa faute si on le dépeint à tort comme subversif) ni de ne pas l'aimer (il ne suffit pas non plus d'être détesté par des gens peu recommandables pour devenir automatiquement un chef-d'oeuvre) et encore moins de le critiquer. Il s'agit donc d'un roman très largement autobiographique d'une Chinoise de Shanghai, "Coco". Elle est plutôt du type "libérée" et son mode de vie est fortement occidentalisé. En ce qui concerne les comportements par exemple, si vous substituez Paris à Shanghai dans ce roman vous avez un équivalent féminin d'un roman Beigbéderien de base : à savoir les tribulations d'une jet-seteuse en mal de vivre. Même ses références culturelles sont largement occidentales, que ce soit dans les chanteurs ou les écrivains qu'elle cite. "Coco" est déchirée entre deux pôles : un frère de coeur chinois, Tiantian, et un amant fougueux allemand, Mark.
Je dois dire que ce roman se déguste comme une confiserie. L'écriture de Wei Hui est très fluide et la lecture se fait rapidement. Cependant cette légèreté semble gratuite et ne débouche sur rien de bien profond. Ce roman ne changera pas le reste de votre vie mais il peut vous faire passer un agréable moment dans un voyage interminable. Shanghai Baby un roman de gare ? Deviendrais-je méchant ? Un peu oui mais pas tant que ça finalement.