La Route
Livres / Critique - écrit par siduri, le 22/03/2010 (Prix Pulitzer en 2007, adapté au cinéma en 2009, La route nous propose un périple bien éloigné d'une promenade de santé.
Dans un monde dévasté, recouvert de cendres, un homme et un enfant avancent sur la route avec le sud pour seul but. Chaque rencontre est un danger potentiel dans ce monde où l'humanité ne s'exprime plus, où le seul moyen de s'échapper, c'est de se tuer. Néanmoins, « l'homme » et « le petit » avancent, poussant devant eux leurs maigres possessions.
On ne sait pas ce qui s'est produit, on ne sait pas non plus quand. Ces deux questions, qui pourraient être au centre du livre, perdent rapidement tout intérêt, le lecteur s'attachant à la question de la survie au quotidien des deux personnages plus qu'à l'origine de leur errance.
La lecture est aisée, favorisée par le style sec de l'auteur qui ne s'appesantit pas de longues phrases ou d'une ponctuation envahissante. Le rythme s'installe, accompagnant les pas des personnages. Néanmoins, elle n'est pas simple, et la brutalité des hommes ainsi que l'horreur de la situation rendent parfois la lecture difficilement supportable. A tel point qu'arrive un moment où le lecteur, assommé par la violence qui semble dominer le monde, peut avoir envie de s'arrêter, de faire une pause face aux épreuves rencontrées par l'homme et son fils. Toutefois, comme ce père qui se lève tous les matins et qui continue la route, le lecteur reprend son livre avec la volonté d'aller jusqu'au bout, d'accompagner les personnages jusqu'à la fin.
La route n'est pas une lecture paisible, un de ces livres dans lequel s'exprime uniquement la beauté des sentiments ou de l'écriture. La noirceur du propos apporte une tension dans la lecture et bien qu'étant en empathie avec les deux personnages, nous ne pouvons que nous demander : et après ? Quand cela va t'il s'arrêter ?
De même, une fois terminé, il est difficile de s'en détacher, Cormac McCarthy initiant grâce à ce roman une réflexion sur l'humanité et sur la paternité qui nous laisse songeur une fois le livre refermé.