Le Parfum
Livres / Critique - écrit par Filipe, le 29/03/2002 (
Patrick Süskind est né en 1949 à Ambach en Bavière. Il a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exercé le métier de scénariste. Le Parfum est son premier roman.
"Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C'est son histoire qu'il s'agit de raconter ici. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille..."
Tels sont les premiers mots du "Parfum" de Süskind, présenté comme l'histoire abominable -mais drolatique- de ce Jean-Baptiste Grenouille, promis au sort le plus triste: abandonné par sa mère, qui sera décapitée pour infanticide, il sera confié à plusieurs nourrices, cependant incapables de garder l'étrange enfant plus de quelques jours. C'est chez l'insensible Mme Gaillard qu'il va finalement passer le plus clair de son enfance et aussi se découvrir une violente passion pour les parfums.
Ainsi, notre petit héros va parcourir les moindres recoins des rues de Paris à la recherche des odeurs les plus extraordinaires. Un beau jour, il est irrésistiblement attiré par un parfum qu'il juge instinctivement exquis et qui lui était jusqu'alors inconnu. Il est conduit à une jeune fille, qu'il assassine pour lui ravir son odeur.
Le Parfum est radicalement un livre différent, un livre où se mêlent plus de descriptions olfactives que simplement visuelles. Les personnages se résument à des odeurs, et les paysages, à des palettes d'odeurs hétéroclites. L'existence de Grenouille est celle d'un assassin qui ne se soucie pas de sa culpabilité, mais aussi d'un être qui a souffert et qui cherche à tout prix à s'intégrer au sein de la foule qui ne cesse de le rejeter. Grenouille est à coup sûr un être hors du commun, d'une monstrueuse ténacité, qui rêve de maîtriser toutes les odeurs et devenir le Dieu des Hommes. Mais il est tellement attachant.
Ce qui caractérise le plus ce livre, ce sont encore ces pages odorantes. Le monde que décrit Süskind, impalpable, est celui des odeurs du monde. Un monde facilement représentable, auquel on a parfois l'impression d'appartenir.