6/10Parce que je t'aime

/ Critique - écrit par valmont, le 09/02/2008
Notre verdict : 6/10 - Thriller sentimental (Fiche technique)

Tags : musso guillaume aime citations citation parce livres

Un roman qui tient en haleine mais qui se laisse déborder par quelques facilités.

Les romans de Guillaume Musso sont semblables aux films sentimentaux américains, avec leurs qualités comme leurs défauts. On y trouve du sentimentalisme à gogo, de la tension romanesque, ainsi que les inévitables clichés. Ce jeune auteur de 34 ans attise ainsi les foules depuis son premier roman publié en 2004, Et Après, qui sera vendu à près d’un million d’exemplaires. Ses deux romans suivants, Sauve-moi et Seras-tu là, sont venus confirmer son succès, faisant de lui un des auteurs français les plus populaires du moment. Son nouveau roman, Parce que je t’aime, allie suspense et sentimentalisme, et s’accorde alors un objectif à la fois intéressant et périlleux.

Marc, psychologue renommé, sombre dans la dérive et la misère depuis la disparition de sa fille Layla cinq ans plus tôt. Lorsqu’il apprend qu’on vient de retrouver sa fille à l’endroit exact où elle avait disparu, Marc reprend alors goût à la vie. Mais à la joie des retrouvailles succèdent les interrogations : que s’est-il passé pendant cinq ans ? Pourquoi sa femme semble-t-elle lui cacher des informations quant à cette réapparition soudaine ? Quel est ce secret qui plane autour de lui ? A cette histoire viennent se greffer les vies de deux autres personnages : Evie, une adolescente misérable qui a soif de vengeance, et Alyson, une riche héritière à la vie totalement désordonnée. Quel est donc le lien qui relie ces trois personnages ?

Oui c’est un bouquin assez entraînant, oui le dénouement est assez bien construit, oui Musso maîtrise bien l’art du suspense, mais soyons honnêtes, c’est quand même loin d’être de la grande littérature. Disons que les personnages du roman sont un peu trop caricaturaux et figés dans une seule personnalité. Du moment où il est possible de mettre une étiquette sur un personnage, cela montre bien que sa nature est assez pauvre, et c’est bien le cas ici. De plus, l’auteur nous présente un personnage qui est le portrait même de Paris Hilton, sa vie étant une copie flagrante de la star. Clin d’œil ou manque d’imagination, toujours est-il que cela lèse un peu le lecteur. Nous avons également droit à quelques clichés de roman de gare dont l’auteur aurait pu facilement se passer, ainsi que certaines situations peu vraisemblables. Par exemple, les quelques citations d’auteurs célèbres au début de chaque chapitre ridiculisent un peu le roman et appauvrissent son contenu. Il est dommage que Guillaume Musso choisisse parfois de tomber dans la facilité car en dehors de cela, l’histoire est plutôt bien pensée et il y a une belle progression de la tension diégétique. Bien que le dénouement soit vraiment surprenant et inattendu, on a tout de même la sensation que l’auteur contourne les difficultés avec un petit tour de passe-passe à la limite du vraisemblable. La forme même du roman fait beaucoup penser à la structure d’un film, avec de multiples flashbacks, une focalisation et une construction de l’action très hollywoodienne, ce qui nous permet de visualiser facilement ce que nous décrit l’auteur. Il n’est donc pas étonnant que les différents romans de Musso soient en cours d’adaptation au cinéma car il y a une véritable corrélation entre les deux arts dans ses œuvres.

Un livre qui tient donc en haleine mais qui se laisse un peu déborder par quelques facilités prises par Musso. On attend un peu plus de cet auteur qui a pourtant pas mal de cartes en main et qui pourrait améliorer considérablement la richesse de ses romans s’il se donnait un peu de plus peine à creuser certaines situations. Nous sommes donc plus frustrés que déçus après la lecture de Parce que je t’aime car il ne manque pas grand-chose pour que cette œuvre gagne une plus grande profondeur et comble pleinement le lecteur. Le choix de concilier le suspense et le récit sentimental est tout à fait pertinent et fonctionne plutôt bien, mais il faut faire attention à ne pas négliger l’un ou l’autre aspect, sans quoi le roman peut facilement tomber dans le déjà-vu. Allez, encore un petit effort…