7/10Les Naufragés du Net

/ Critique - écrit par Lestat, le 24/03/2005
Notre verdict : 7/10 - Net et sans bavures (Fiche technique)

Panique dans le Monde ! Des enfants disparaissent, littéralement aspirés par un jeu-vidéo diabolique. La solution ? l'Agence de la Licorne Bleue, spécialisée dans les cas étranges, dirigée par le jeune Newton Poppleford et sa vieille tante Mildred O'Glaïeul. Du haut de ses quinze ans, Newton est déjà un inventeur de génie. Assailli de mails désespérés, il n'a d'autre choix que de s'immerger à son tour dans ce mystérieux Jeu des Sept Terreurs au moyen d'un appareillage de son cru. Mal lui en pris, il s'y retrouve bloqué. Et dès lors, pas d'autre choix que d'en chercher la sortie...

Les Naufragés du Net, sous-titré Le Jeu des 7 Terreurs, s'avance sur le terrain difficile de la littérature destinée à la jeunesse. Comprenez ni pour les enfants, ni pour les ados. Un genre difficile qui doit s'adapter à un âge en porte-à-faux, le risque étant de basculer d'un extrême à l'autre. Un écueil que l'auteur Louise Marie a su contourner assez habilement, offrant un roman assez enjoué qui n'en oublie pas de ménager des plages plus sombres. L'âge du héros et des protagonistes, des références contemporaines sans être trop modernes et un sujet ancré dans l'univers vidéo-ludique étant autant de poids à la balance faisant que Les Naufragés du Net ne manquera pas sa cible. Difficile de le conseiller aux plus de treize ans toutefois, fourchette d'âge où le manichéisme et le message écologique souvent naïf ne rebuteront pas.

Ces partis pris assimilés, Les Naufragés du Net est un livre assez plaisant à lire, un suspense agréable et un champ de possibilités exploité en faisant un roman d'aventure original, prenant et dépaysant. Les coups de théâtre réellement surprenants sont en revanche plutôt rares, tant le déroulement de l'intrigue est prévisible. C'est bien simple, Newton Poppleford est un petit génie qui ne manque ni d'instruments ni de cervelle. Au fur et à mesure, il devient clair que chaque piège ou énigme sera rapidement solutionné par une logique implacable ou une pirouette technique. C'est un point qui est dommageable en soi, le roman étant déjà très linéaire, univers du jeu vidéo oblige. De même, la personnalité toute lisse des principaux protagonistes, nobles de coeur et d'esprit, à l'opposé des "méchants" qui sont de vraies crapules souvent hideuses, n'est pas propice à quelques déviances qui auraient apporté un peu de piment. Autant de défauts qui pourront agacer les lecteurs les plus âgés et que l'on ne retrouve pas, à registre égal, chez des auteurs étrangers comme Roald Dahl. Et ces défauts deviennent rageants lorsqu'au détour d'une page s'amorce soudain des tentatives pour les contrecarrer, ici pour désacraliser le héros, là pour donner au grand ennemi de l'histoire une dimension plus subtile, qui seront abandonnées en cours de route. Mais à la vue des qualités narratives, il serait inconvenant de dire qu'il s'agit d'une maladresse, plutôt d'une prise de risque trop frileuse. Car tout sans surprises soit-il, Les Naufragés du Net n'en reste pas moins un bon petit livre, porté par un style frais et enlevé. Louise Marie connaît son affaire, son récit ne souffre d'aucune lourdeur, manie habilement l'humour et trouve la bonne alchimie de vocabulaire, simple sans être simpliste, et de tonalités, amusantes ou épiques.

Au final, Les Naufragés du Net manque certainement plus d'audace que de savoir-faire. Reste une histoire bien sympathique et accrocheuse. Rien qui n'inquiètera la concurrence, mais un titre séduisant où l'on ne s'ennuie pas. C'est déjà pas si mal...