6.5/10Mathias Malzieu se Métamorphose en bord de ciel

/ Critique - écrit par nazonfly, le 01/05/2011
Notre verdict : 6.5/10 - Envolé trop tôt du nid (Fiche technique)

Tags : malzieu mathias metamorphose ciel bord livres livre

Si le dernier livre de Mathias Malzieu montre qu'il est difficile de toujours tutoyer les étoiles, sa démarche artistique est véritablement intéressante.

Le Mathias Malzieu, on commence à franchement le connaître. D'abord par son statut de compositeur/interprète au sein de Dionysos. Ensuite par ses talents
DR. Mamzelle Mamath
certains d'écrivain (Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi,
La mécanique du cœur). En attendant le film d'animation tiré de La mécanique du cœur, prévu pour octobre 2012. Pour l'heure, ce qui nous intéresse est son dernier livre, Métamorphose en bord de ciel.

Sans surprise, l'histoire de cette métamorphose puise ses racines dans le liquide fertile de l'imagination de Mathias Malzieu, un liquide composé d'une bonne rasade de surréalisme, d'une lichette d'amour et d'un fond de tristesse. Tom Cloudman, héros du livre, est un cascadeur, mais pas n'importe lequel : le cascadeur le plus mauvais au monde. À tel point qu'on le surnomme Tom Hématome. Un cascadeur que les chutes rendent populaires, et tant pis si Tom ne parvient jamais à s'envoler. À la suite d'une énième cascade ratée, on lui découvre une tumeur, du genre qui ne se guérit pas. Son seul espoir de survie ? Suivre la charmante femme-oiseau, répondant au doux nom d'Endorphine, pour qui lui, homme-oiseau de pacotille avec ses ailes composées de plumes d'oreiller, subisse cette fameuse transformation et s'élance du bord de ciel.

Bien sûr, on reconnaît dans cette histoire fabuleuse, comme dans de nombreux
DR. Benjamin Lacombe
détails, la patte superbe de Mathias Malzieu ; c'est ainsi que le crabe, image éculée du cancer, est remplacée par... une betterave, une simple betterave qui ronge la santé de Tom Cloudman. Ou encore que Tom se déplace en grande partie à bord d'un cercueil monté sur roues. Il manque pourtant le souffle divin qui se sentait sur Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, ces sentiments qui traversaient le livre de part en part et l'emmenait de l'autre côté du miroir. Dans Métamorphose en bord de ciel, seul le final parvient à atteindre l'optimum littéraire touchant du premier livre de Mathias Malzieu.

À dire vrai, une fois le pitch posé, l'homme-oiseau qui veut finaliser sa transformation, réaliser son rêve grâce à la fameuse Endorphine, il n'y a, semble-t-il, plus rien à dire et le livre tourne franchement un peu en rond. Heureusement qu'il ne dure que 150 et quelques pages (sans être écrit petit) et qu'il se lit très rapidement avant de pouvoir lasser le lecteur. Bien évidemment, c'est sans doute un peu la déception qui guide ces propos tant Métamorphose en bord de ciel semble inférieur à ces
DR. Nicoz Balboa
prédécesseurs.

Toujours est-il qu'il faut quand même noter l'effort de Mathias Malzieu de proposer autre chose que son simple livre. Il existe une version luxe du bouquin avec 48 illustrations pleine page. Car le Valentinois a eu l'idée un peu folle d'associer le livre avec une exposition de peintres et plasticiens connus et reconnus, selon l'expression consacrée. Cette expo réunit donc des oeuvres de Joan Sfar, Miette, Liz Macgrath, Adolie Day (la vignette de cet article est d'elle), Nicoletta Ceccoli (qui illustre la couverture du livre) etc., etc., et se déroule jusqu'au 1er mai à la Galerie l'Art de Rien. Quelques extraits sont du reste disponibles sur le site officiel du projet : Métamorphose en bout de ciel.

Au fil de ses productions, littéraires, musicales, Mathias Malzieu développe un univers personnel de plus en plus intéressant où viennent se greffer d'autres médias, comme la peinture ou le cinéma (oui on attend particulièrement son film d'animation). Et si son dernier livre montre surtout qu'il est difficile de toujours tutoyer les étoiles, la démarche est tellement bonne qu'on ne peut s'empêcher d'adhérer !