8.5/10Matilda

/ Critique - écrit par Danorah, le 02/04/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Un monument de la littérature jeunesse (Fiche technique)

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Un petit roman pour la jeunesse dans lequel Roald Dahl a mis tout son savoir-faire d'auteur chevronné : personnages attachants, scènes rigolotes, rythme bondissant, happy end.

Il y a de cela vingt ans, naissait sous la plume de Roald Dahl, le célèbre auteur pour la jeunesse, une petite fille surdouée, qui n'aimait rien tant que lire, et qui avait le malheur de vivre dans une famille qui ne brillait que par sa médiocrité et sa veulerie. Cette petite fille, c'était - et c'est toujours - Matilda. Une Matilda qui traverse les âges sans prendre une ride, toujours aussi fraîche et pimpante, aussi drôle et pleine de malice... et donc toujours aussi prompte à soulever l'enthousiasme de ses petits lecteurs. Tout comme une flopée d'autres romans du même auteur, qui lui sont pourtant presque tous antérieurs (Matilda est le dernier grand succès de Dahl), et dont la notoriété demeure au beau fixe.

Pourquoi un tel engouement ? Peut-être parce que les histoires de Roald Dahl sont atemporelles, universelles, contextuellement réduites au minimum, de sorte que chaque enfant (de culture occidentale, certes) s'y retrouve sans éprouver de gêne quant aux repères socio-historiques ou géographiques. Un cadre familial ordinaire, une maison ordinaire, une école ordinaire, et hop, voilà le décor planté. Evidemment, tout ceci n'a d'ordinaire que l'apparence. En réalité, la famille de Matilda se compose d'un père marchand de voitures sérieusement porté sur l'escroquerie, d'une mère téléphage au stade terminal, et d'un grand frère benêt qui n'aspire qu'à suivre fidèlement les traces du paternel. Matilda y fait donc figure de vilain petit canard, elle qui, à peine âgée de 5 ans, se délecte déjà des pavés d'Hemingway et de Dickens, au grand ahurissement de la bibliothécaire du quartier... et au grand dam de ses parents, qui auraient préféré avoir une petite fille normale (!). A l'école, tout n'est pas rose non plus : si la maîtresse, la ravissante Melle Candy, lui propose immédiatement de sauter une classe, la redoutable directrice Melle Legourdin (qui a longtemps parcouru mes cauchemars d'enfant, notamment à cause de l'épisode honni du gâteau au chocolat) ne l'entend pas de cette oreille. D'ailleurs, c'est très simple, Melle Legourdin déteste les enfants, a fortiori ceux qui ne sont pas dans la norme. Alors quand Matilda découvre que Melle Candy est la nièce de cet épouvantable cerbère, et que ce dernier l'a dépouillée de l'héritage de son père décédé, la petite fille décide de passer à l'action... et se découvre un superpouvoir.

L'histoire est simple, et c'est normal puisque le livre s'adresse à un public enfantin. Elle n'est en fait qu'un prétexte pour mettre en scène un personnage principal terriblement attachant, pas forcément par le biais de l'identification (tout le monde ne se sent pas l'âme d'un petit génie du calcul mental) mais surtout grâce au rapport que la petite fille entretient avec le monde des adultes. Matilda, c'est la petite gamine haute comme trois pommes dont l'intelligence n'a rien à envier à celle des grandes personnes et qui le sait, et qui n'hésite pas à leur tenir tête quand il le faut. Mais c'est aussi une petite fille comme toutes les petites filles, qui a besoin d'affection et de la tendresse de Melle Candy. C'est ce mélange qui donne au personnage de Matilda tout son piquant et qui le rend si attachant. D'autant plus que l'humour n'est pas en reste, que l'absurde est au rendez-vous (ah, les combines de monsieur le père pour faire passer de vieilles guimbardes fatiguées pour des bolides de course !), que le récit est mené sans temps mort... Bref, que Roald Dahl a mis tout son savoir-faire au service d'un roman à la fois drôle, léger et charmant.

Quelqu'un s'étonnera-t-il, dès lors, qu'un film ait été tiré de ce livre ? Une telle poule aux œufs d'or se devait bien d'avoir son pendant cinématographique. On ne vous en dira rien, puisqu'on ne l'a pas vu et qu'on ne souhaite pas le voir. Que le plaisir de la lecture reste entier, que Matilda n'ait d'autre aspect que celui, crayonné, que lui a conféré l'illustrateur Quentin Blake. Et qui lui va définitivement comme un gant.