6/10Malavita

/ Critique - écrit par weirdkorn, le 25/07/2006
Notre verdict : 6/10 - L'Eure de la mafia (Fiche technique)

Tags : film malavita besson cinema luc robert niro

La Malavita est un des surnoms donnés à la mafia d'origine sicilienne. Malavita c'est aussi le nom du chien des Blake, une famille américaine apparemment bien sous tout rapport qui vient de s'installer dans une petite ville de l'Eure. Seulement, le passé n'est jamais loin du présent et Malavita est là pour rappeler la première vie des Blake, lorsqu'ils s'appelaient Manzoni et qu'ils faisaient régner la terreur sur un coin du New-Jersey. Mais Giovanni Manzoni, coincé par le FBI, a préféré balancer ses camarades et être intégré dans le programme de protection des témoins. Un témoignage qui l'a amené dans un bled dont il n'aurait jamais dû en entendre parler : Cholong-sur-Avre.

Le touche-à-tout Tonino Benacquista (scénariste de la BD L'outremangeur ou des films Sur mes lèvres et La boîte noire) a l'occasion de se lâcher dans cette histoire un peu folle qui lui permet de mélanger les aventures de mafieux américains tels qu'on les voit dans les films avec la vie quotidienne du Français moyen. Ce décalage naturel entre deux genres entraîne des lors de nombreuses situations comiques. Malavita est d'abord un roman humoristique avant d'être un polar. Il suffit de regarder le ton de l'auteur pour s'en convaincre puisqu'il écrit avec une liberté de langage qui confère au livre un style familier.

Malavita est ainsi le parfait livre de plage : divertissant, sympathique et rythmé. Il ne restera cependant pas dans les mémoires faute à une différence flagrante d'intérêt entre les deux bouts du roman. Tonino Benacquista avait son début et sa fin mais il lui fallait remplir le milieu. Les premières pages de Malavita où l'on suit chaque membre de la famille dans Cholong-sur-Avre sont ainsi les meilleures. Riches en éléments comiques, en anecdotes et plutôt cyniques sur la nature humaine, elles laissent présager un grand roman. Malheureusement, la machine se grippe en oubliant certains personnages pendant de longs moments et en devenant complètement abracadabrante à sa moitié alors que l'encrage dans la vie de tous les jours faisait la force du début. La fin continue dans cette lignée à la limite du burlesque, que certains pourront toutefois préférer. Quoi qu'il en soit, il existe un réel décalage entre ces deux parties et l'on aurait préféré une histoire plus homogène.

Malavita est un roman qui se lit aussi vite qu'il s'oublie. Il ne comporte rien d'extraordinaire ni de médiocre mais distrait parfaitement. Il est juste dommage que tout le livre ne soit pas au niveau des premières pages, délicieuses de remarques en tout genre sur les modes de vie français et américains. La suite, davantage orientée sur la mafia, est beaucoup plus imagée, avec tous les avantages et inconvénients que cela implique.