Sa Majesté des Mouches
Livres / Critique - écrit par Filipe, le 25/02/2003 (Tags : enfants livre ralph mouches majeste roman golding
William Golding est né en Cornouailles en l'an de grâce 1911. Après être passé par la case incontournable Oxford, il se marie en 1940 et s'engage la même année, comme par hasard, dans la Royal Navy. En 1945, il opte pour une carrière de professeur à Salisbury. Sa Majesté des Mouches, paru en 1954, est son premier roman.
Une bande de garçons âgés de six à douze ans se retrouve piégée sur une île déserte peu amicale après que leur bateau a été englouti par les eaux. L'aventure prend d'abord des airs de grandes vacances au soleil, entre les arbres tropicaux et les merveilleux animaux qui peuplent l'île.
Mais il faut bien s'organiser un jour. Ralph est ainsi nommé chef de cette valeureuse petite troupe de Robinson Crusoé en herbe. Bientôt, des rivalités se créent.
Les premières pages de Sa Majesté des Mouches ont un air de déjà vu. Un terrible naufrage et des naufragés égarés sur une île sauvage inhabitée. Une aventure de rêve, où il n'y a que les cocotiers pour vous abriter du soleil. A moins que vous ne décidiez pour un temps de vous plonger au coeur de ces vastes et fraîches étendues d'eau, qui n'aspirent qu'à vous bercer. William Golding en a vu, lui aussi, de ces cartes postales de paysages idylliques, de ces paradis sur Terre que vos propres yeux ne vous donneront semble-t-il jamais d'admirer un jour.
Et puis il y a ces gentils petits bonshommes, qui décident, suivant les vieilles traditions de leurs collèges anglais, d'élire un chef de groupe. Personne ne se doute que nous sommes ici au départ d'une tout autre aventure, qui va prendre des allures d'un effroyable conte pour enfants, une tragédie classique, à faire rougir un Sophocle, mise en scène par ces mêmes enfants. Des enfants qui se sont décidés à imiter les grandes personnes, leurs parents. L'atmosphère est brusquement morbide. C'est simplement la société des hommes que tout le monde connaît si bien qui est interprétée sous nos yeux. Tout y est. Le tableau n'est pas réjouissant, mais on ne peut pas dire que Golding en ait fait plus qu'il ne fallait.
Malgré cette triste représentation, reste une oeuvre remarquable. Le choix des enfants se révèle vraiment judicieux. L'aventure exotique est palpitante. L'ambiance sans cesse teintée de mystère et d'inquiétude excite au plus haut point. Et il vous faudra attendre la dernière page pour que le suspense s'estompe un peu.