2/10Lord of the ringards, la parodie ratée du Seigneur des anneaux

/ Critique - écrit par nazonfly, le 04/12/2013
Notre verdict : 2/10 - Stoi le ringard (Fiche technique)

Tags : seigneur anneaux parodie lord ringards tolkien fantasy

Quoi de tel pour se faire un max de blé que de parodier l'un des romans les plus connus du monde anglo-saxon ? C'est ce qu'ont dû se dire les deux auteurs de cette parodie du Seigneur des anneaux.

La pratique de la parodie est un exercice difficile : il faut savoir utiliser le matériau initial, en extraire la substantielle moelle, la triturer, la bidouiller afin qu'on puisse reconnaître les grands traits de l'œuvre parodiée et qu'on puisse apprécier les mises en relief, les déformations opérées. Lord of the ringards, parodie du Seigneur des Anneaux (qui a pour nom, pour ceux qui vivent au fin fond du Mordor, Lord of the rings), est un exemple parfait pour montrer comment on peut tomber à côté.

Tom Bombastick

Dans les 194 pages du bouquin édité chez Bragelonne, il faut reconnaître aux auteurs une connaissance certaine de l'œuvre de Tolkien puisqu'ils suivent presque scrupuleusement le déroulement du Seigneur des anneaux du départ de Fripon – c'est-à-dire Frodon – de la Comté à la destruction de l'Anneau unique. On y retrouve même Tom Bombadil, au contraire de l'adaptation cinématographique de Peter Jackson. Le brave Tom est devenu Tom Bombastick et est devenu un fumeur de joints qui part dans de longs trips à longueur de journée : on voit ici la qualité d'une parodie qui parvient à détourner le personnage initial tout en gardant une partie de son essence. Mais voilà le problème est que Lord of the ringards devient vite une parodie courue d'avance : c'est bien simple, tous les héros de la version initiale deviennent pleutres, sournois, veules. Vous allez me dire que le but d'une parodie est de transformer la personnalité des héros mais il y avait sans doute autre chose à faire avec le matériau initial. Seul Gandalf s'en sort à peu près en devenant un magicien miteux spécialiste de l'as dans la manche et du tour de passe-passe tout comme Eowyn devenant une sorte de Walkyrie au fort accent allemand et chevauchant un mouton de guerre (oui oui un mouton, il faut savoir que les moutons sont souvent présents dans les parodies, allez savoir pourquoi). Pour le reste Aragorn préfère souvent se cacher à se battre, Gimli et Legolas passent leur temps à se chamailler (rien de bien nouveau sous le soleil) et les Hobbits sont de la pire engeance.

Le renard véloce

D'ailleurs en parlant de Gandalf il faut souligner qu'il s'appelle Grandpaf dans le livre. Oui le traducteur a fait fort puisque de Gandalf on passe à Goodgulf dans la version originale de Lord of the ringards et à Grandpaf dans la version française. De même Grand-Pas passe de Stomper (écrase-merde...) à Glande-pas. C'est drôle mais ça rend vraiment peu de l'intérêt de la version originale qui s'appelle d'ailleurs Bored of the rings, largement meilleur que ce mauvais Lord of the ringards qui ne correspond à rien dans l'esprit du livre, dans l'allusion au Seigneur des anneaux. Le traducteur semble d'ailleurs avoir quelques petits problèmes avec les références puisque, d'après lui, l'inscription sur l'anneau est « le renard véloce s'est joué du chien paresseux », ce qui est relativement drôle mais incompréhensible tandis qu'on peut facilement reconnaître dans cette traduction le pangramme anglais « the quick brown fox jumps over the lazy dog », un pangramme étant une phrase contenant toutes les lettres de l'alphabet. On notera même que le nom de l'épée de Fripon/Frodo change en cours de route qui, de Tupperware (…) redevient Dard en fin de livre ! Mais le principal problème de la traduction, c'est que les allusions sexuelles sont multiples et variés, plus semble-t-il que dans la version originale. Ainsi les Hobbits deviennent des Grossbits : même pour les amateurs de dessins phalliques sur les tables des mariages, la blague récurrente devient vite un peu nulle ; Minas Tirith se transforme en Minas Turluth et Celeborn en Céléboule... Je vous passe le reste même si on peut s'agenouiller devant la blague niveau 10 concernant Elrond dont le nom court est Elrond Elrond et le nom complet Elrond Elrond Petit Patapon.

Au final, la lecture de cette parodie du Seigneur des Anneaux, loin d'être réjouissante, est d'un ennui mortel et l'on a qu'une hâte : parvenir aux dernières pages pour remiser loin, très loin de soi ce livre complètement raté. Il reste toutefois un point mystérieux : si Lord of the ringards est aussi nul, est-ce le fait d'un original vautré ? Ou, au contraire, est-ce le traducteur qui a complètement foiré ? Mais la différence de culture rend souvent la pleine compréhension des parodies assez ardue ; on se contentera donc de ce désolant Lord of the ringards.