La Ligne noire
Livres / Critique - écrit par Kassad, le 26/06/2004 (
Made in France
Jean-Christophe Grangé est aux auteurs ce que Luc Besson est aux producteurs : une version française de blockbusters modèles hollywoodiens. Connu du grand public pour Les rivières pourpres, La ligne noire est le nouveau thriller de ce Crichton hexagonal. Nième variation sur un air de serial killer, c'est un journaliste à la poursuite d'un tueur en série aux mobiles obscures qui sert de cadre à ce roman. Jacques Reverdi est un ancien plongeur en apnée, un peu à la Jean-Marc Barr dans le Grand Bleu, il est retrouvé en transe dans une cabane en compagnie d'une globe trotteuse occidentale lardée de 27 coups de couteaux. Marc Dupeyrat journaliste dans la presse poubelle, fasciné par la violence décide d'enquêter. Il a déjà subi deux traumatismes liés à des morts violentes dans son passé, à chaque fois il est tombé dans le coma. Il tente de comprendre ce qui lui est arrivé en cherchant les motivations les plus profondes et les plus secrètes de ces tueurs compulsifs.
Le côté obscur
Si l'on doit tenter une qualification plus précise c'est dans la catégorie "psychologie" qu'il faut compter La ligne noire. A l'instar de son héros Grangé se focalise sur les aspects psychologiques du crime. Ce roman est d'ailleurs le premier d'une trilogie annoncée tournant autour du thème du mal. D'où provient la motivation du tueur ? Tout en lorgnant du côté fantastique ce sont surtout des explications "standards" du type psychiatrique, dites-moi : aimiez-vous votre mère ? et votre père ? qui forment l'essentiel de cette histoire. L'explication finale comporte quelques traits originaux mais guère plus que ceux d'un bon blockbuster "de base". Restent les personnages : le reporter (dont on sent bien la touche autobiographique, Grangé avant d'écrire des-romans-qui-font-peur était reporter, fantasmée), l'héroïne belle, méritante, figure de proue d'une intégration réussie, et le grand méchant omnipotent, omniscient.
Sans surprises
Malheureusement tout est vraiment trop convenu dans La ligne noire pour surprendre quiconque ait plus de 10 ans. La construction de ce thriller est réglée comme du papier à musique avec le nombre syndical de coups de théâtre et les incontournables faits d'armes du genre. A ce sujet la traditionnelle explication du méchant en face des héros ligotés et menacés d'une mort aussi cruelle qu'imminente est d'une lourdeur rarement atteinte. Je me suis presque cru dans un pastiche raté d'un James Bond. Pathétique est le premier mot qui vient à l'esprit et convient parfaitement.
Bis repetita non placent
En conclusion il me semble clair que la Ligne noire est un roman qui allie la faiblesse de l'imagination à une pauvreté extrême dans la recherche des personnages. Le côté convenu du récit fait que l'on préférera sans conditions les précédents ouvrages de Grangé. Nul doute que cet ouvrage passera rapidement du mauvais côté de la ligne noire, celle de l'oubli.