6.5/10Jim Pop : à manipuler avec précaution

/ Critique - écrit par hiddenplace, le 20/02/2011
Notre verdict : 6.5/10 - Secouez-moi (mais pas trop) (Fiche technique)

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Le milieu du cirque, ses figures marginales et burlesques exerçant toujours un grande fascination sur les plus jeunes, Jim Pop hypnotise de prime abord par son seul sujet.

Approchez, venez voir… le phénomène de cirque ! Personnage peu commun, le goût du risque en bandoulière, venez rencontrer le fameux Jim Pop, dont le numéro résonne aussi fort que son patronyme : c’est un homme-canon. Orchestré d’un bout à l’autre par Tom Henni, aussi bien en images qu‘en mots, le lancement se prépare, et s’annonce pour le moins explosif… et coloré. Rien que ce nom tintinnabulant prédispose déjà le protagoniste à son métier hors du commun. Mais rien n’étant gravé dans le marbre, ou plutôt dans le fer forgé du canon, ce tour en apparence si périlleux va peut-être prendre un tournant inattendu.

Jim Pop : à manipuler avec précaution
Illustration de Tom Henni, issue de Jim Pop,
Le Rouergue, 2011
Aussi simple et linéaire que la trajectoire de son personnage, l’histoire se résume à un détournement et à un voyage. Narré par Monsieur Loyal, le directeur du cirque, les questions se succèdent une fois le lancement amorcé : « Où est-il maintenant ? ». Un vol au dessus de la mer, des montagnes et du désert, on dirait bien que le petit bonhomme fait le tour de la terre. Le numéro de Jim Pop qui devait à l’origine être un simple tir au canon (bien que grisé par le danger latent, et contrebalancé par son suspense haletant) devient une mise en orbite poétique, et l’occasion de découvrir, pour le héros comme pour le lecteur, de nouveaux horizons.  Sans doute une métaphore du rêve et du départ en vacances, que le métier d’homme-canon, carrière où chaque jour peut être le dernier, ne permet pas d’effleurer en réalité ? Ceci étant, le périple devient réel, et le jeune lecteur est amené à chercher (ou imaginer ?) la trace de Jim Pop dans le ciel qui surplombe les grands paysages croisés.

Jim Pop : à manipuler avec précaution
Illustration de Tom Henni, issue de Jim Pop,
Le Rouergue, 2011
L’album qui raconte l’aventure de ce doux hurluberlu nous offre en premier lieu un gigantesque spectacle haut en couleurs, par son grand format souple et le médium utilisé pour l’illustrer : la sérigraphie. Cette technique particulière qui consiste à décomposer son travail en différentes couches de couleurs transposées ensuite sur papier sous formes d’aplats parfaits et très intenses, donne à l’univers du personnage toute la vitalité, tout l’aspect volcanique et festif lié à l’atmosphère du récit.  De fait, Tom Henni réussit également le tour de force de réunir, toujours grâce à la sérigraphie, un panel assez varié de nuances en usant uniquement des trois couleurs primaires : le rouge, le bleu et le jaune. Le décalage des passages de couleurs propre au médium et ici utilisé à dessein apporte un relief là où les aplats rendraient l’ensemble trop lisse, et lui donne un cachet pittoresque de vieille affiche.  L’univers graphique que l'illustrateur crée pour son récit déroute cependant : on peut lui trouver une tonalité plutôt éloignée de l’univers du cirque, et plus proche de celui de la fête, d’une soirée d’anniversaire très arrosée que d’un spectacle magistral. Comme en témoigne la double page illustrant la projection de l’homme-canon par exemple. L’imagerie aux couleurs très franches est assez proche de la bande dessinée par moment, telle la confrontation des aplats opaques et du trait fin et suggestif qui dessine les contours des personnages.

Le milieu du cirque, ses figures marginales et burlesques exerçant toujours un grande fascination sur les plus jeunes, Jim Pop hypnotise de prime abord par son seul sujet. Mais on regrette toutefois que l’idée, poétique sur son principe, n’ait pas été poussée un peu plus loin pour offrir un voyage plus palpitant, plus foisonnant, qui soit à la hauteur de la force et de la vivacité de l’univers graphique.