8/10Jean de Florette

/ Critique - écrit par Filipe, le 05/03/2003
Notre verdict : 8/10 - Galinette... (Fiche technique)

Tags : jean florette film pagnol ugolin papet manon

Et tout d'abord quelques dates:

1895: Marcel Pagnol naît à Aubagne. Son père, Joseph, est instituteur, sa mère, Augustine, couturière.
1903: Il passe ses premières vacances à La Treille, près d'Aubagne.
1904: Son père est nommé à Marseille, où sa famille s'installe.
1910: Sa mère décède.
1915: Il est nommé professeur adjoint à Tarascon.
1923: Il est nommé à Paris au lycée Condorcet.
1928: Il écrit son premier grand succès: Topaze.
1929: Il écrit Marius.
1945: Il épouse Jacqueline Bouvier.
1946: Il est élu à l'Académie Française. La même année naît son fils Frédéric.
1957: Il publie les deux premiers tomes des Souvenirs d'Enfance: La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.
1960: Il publie le troisième volet de ses Souvenirs: Le Temps des secrets.
1963: Il publie son Eau des Collines, composé de Jean de Florette et Manon des sources.
1974: Marcel Pagnol meurt à Paris.
1977: Son quatrième tome des Souvenirs d'Enfance est publié: Le Temps des amours.

En plein coeur du midi de la France, Jean de Florette, un homme de la ville, s'installe avec sa femme Aimée et sa petite fille Manon dans une grande ferme qu'il a reçu en héritage. Seulement, sur ce terrain existe une source que convoitent le Papet et son neveu Ugolin, qui rêve d'y cultiver des oeillets.

Jean de Florette nous plonge au sein de la chaleureuse Provence française, où le soleil ne cesse de briller et où les cigales ne cessent de brailler. On y retrouve Jean Cadoret, un bon bougre, cultivé, bossu par malheur mais ayant toujours fait preuve d'une persévérance exemplaire. Grâce à ses livres et ses calculs de statistique, il espère réussir à cultiver en un rien de temps l'authentique.

Il veut donner la meilleure des existences possibles à sa tendre fillette, Manon, et à sa femme, dont il est éperdument amoureux.

- Il est exact, dit le bossu, que je m'appelle Jean, et que ma mère s'appelle Florette. Mais mon nom est Jean Cadoret.
- Si vous étiez né ici, comme votre mère, on vous appellerait Jean de Florette.
- Comme c'est joli! dit la chanteuse. Ce serait un joli titre pour une chanson ou même un opéra comique!

Seulement, les Soubeyran ne l'entendent pas ainsi et Ugolin a aussi ses rêves à exaucer. Le commerce des fleurs et la fortune lui tendent les bras. Et son oncle César Soubeyran, aussi respecté que redoutable, est prêt à tout pour voir son neveu satisfait. Tous deux vont dans un premier temps boucher complètement la source qui fait toute la valeur du terrain revenu de droit à Jean de Florette.

Mais bientôt, Ugolin va se lier d'amitié avec le bossu de la ville.

- Je parie dix francs qu'il t'a parlé de la routine.
- Qu'est-ce que c'est?
- Un mot de la ville... La routine, çà veut dire ce que les vieux nous ont appris, et d'après eux, il faut tout foutre en l'air, parce que c'est pas moderne, et que maintenant on a inventé les miracles...
- Peut-être que c'est vrai?
- De la pure couillonnade, dit le Papet.

Jean de Florette est une oeuvre simplement écrite, mais tellement forte. On y retrouve tous les ingrédients d'une grande tragédie moderne. Il est question d'une lutte pour la vie, d'un crime organisé. Jean de Florette est une tragédie familiale et il est également question d'amour en péril et d'amitié conflictuelle. C'est le combat de la fermeté contre l'enthousiasme. Il s'agit là d'une peinture plutôt dure d'une campagne qu'on arrive facilement à se représenter. On en ressent les saveurs, on en respire ses odeurs éparses, on en savoure les paysages figés qui nous entourent dans les quatre directions. L'adaptation cinématographique de Claude Berry est une petite merveille à la française. Quant à la suite et fin de ce livre, Manon des Sources est largement à la hauteur.

Au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, je te baptise le Roi des Œillets.