6/10Hell

/ Critique - écrit par Kassad, le 21/05/2004
Notre verdict : 6/10 - L'enfer est pavé de cocaïne (Fiche technique)

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Le XXI ème siècle à défaut d'être spirituel ne finira pas de nous pourvoir en nouveaux petits prodiges. Après Emilie Simon en musique c'est au tour de la littérature, avec le nom bien choisi de Lolita Pille, de nous livrer la nouvelle fournée. A à peine 19 ans et deux romans publiés on se demande où s'arrêtera cette lolita. De plus le sujet et le ton de Hell, lui écrit à 17 ans!, dénotent une maturité hors du commun.

Ella ne supporte pas son prénom, elle se fait appeler Elle. Hell plus précisément. Ce prénom désigne ce qu'elle fait subir aux autres, et en l'espèce les autres ce sont les gens "normaux", c'est à dire ceux qui ont un salaire mensuel du niveau de ce qu'elle claque en une journée de shopping. Hell est arrogante, c'est une "fille de", riche sans mérite, hautaine, elle méprise tous ceux qui ne roulent pas dans le dernier modèle de Ferrari. D'ailleurs elle commence par annoncer la couleur : "on a une carte de crédit à la place du cerveau, un aspirateur à la place du nez, et rien à la place du coeur". Cette vision cynique et désabusée des malheureux petits milliardaires en manque de sens est pourtant contrebalancée par un romantisme naïf de type harlequin. Hell trouve l'âme soeur mais la drogue, les soirées, la luxure reprennent vite le dessus. La fin macabre est textoïsée, si on me permet ce néologisme, et prête même à rire : l'histoire d'amour commence le jour de son avortement et le prince charmant finit par mourir dans sa Porsche toute neuve, tout comme papy James Dean... Ce mélange étonnant de naïveté, avec une croyance affichée au mythe de l'amour-et-l'eau-fraiche (en l'occurrence ce serait plutôt l'amour-et-la-coke-pure), et de cruauté est à n'en pas douter à mettre au compte de l'âge à peine pubère de l'auteur. Il marque une première faiblesse de ce roman : le coté caricatural de la love story qui tourne mal est trop emphatique pour être oubliée. On retrouve encore ce côté "too much" dans la réaction de Hell à la mort de son amour : elle joue la désabusée sans grande conviction. On pourra aussi regretter le manque d'originalité d'une peinture à la Bret Easton Ellis (je pense notamment à Glamorama) de la jet-set. LP (Lolita Pille et pas Linkin Park !) n'apporte à cette peinture pas grand chose de neuf. Il n'en reste pas moins qu'aux détours des pages on trouve quelques joyaux disséminés de-ci de-là montrant l'acuité douloureuse d'un auteur en plein devenir. Le style d'écriture est quant à lui certain. Je crois que je vais me laisser tenter par Bubble Gum son second roman histoire de voir la tournure que prennent les événements. En bref je dirais que c'est une affaire à suivre.