5.5/10Frictions

/ Critique - écrit par Kassad, le 04/08/2003
Notre verdict : 5.5/10 - L'indécision est la mère de toutes les contrariétés (Fiche technique)

Tags : friction frictions frottement corps anorexie massage physique

Philippe Djian nous offre une sorte de synthèse des petits malheurs quotidiens du genre de ceux qui vous collent à la peau comme la sueur par un après-midi de canicule. Le roman suit en cinq épisodes (enfance, la vingtaine, la trentaine etc.) la vie d'un mec mignon (il fait des photos pour les magazines homo) qui n'a pas de problème d'argent mais qui est englué dans une vie qu'il ne maîtrise pas. Il y est plus spectateur qu'acteur. D'abord il y a sa passion pour sa mère, un amour-haine-dégoût dont il ne peut se détacher et puis sa vie sentimentale aussi est une suite d'échec, il est plus ou moins incapable d'aimer. Enfin ses relations avec sa fille tiennent plus de la catastrophe que d'autre chose.

Entre Eric Reinhard, Le moral des ménages, et Houellebecq, celui d'Extension du domaine de la lutte, Friction est un livre parfait pour entretenir une petite déprime. La philosophie de ce dernier serait : il n'y a pas de véritable sens à votre vie et de toute façon à la fin vous mourrez. Quelques passages d'humour noir sont tout de même bien réussis (les soirées de beuverie avec sa mère notamment).

Il me semble noter une certaine évolution dans le style de Djian (mais ça faisait longtemps que j'avais rien lu de lui) : il se rapproche d'un style à la Palahniuk fait de phrases courtes et d'une construction "à rebours" où le sens de certaines phrases ne se dessine que plusieurs pages en aval. Une métaphore un peu lourde et facile aussi : le rat caché dans la cuisine comme succédané de démon intérieur...

Bref pas vraiment un roman pour l'été, ou alors à la rigueur si vous êtes bloqué dans un train en grève, ni non plus une oeuvre qui bouleversera votre vie. C'est bien écrit dans l'ensemble mais une fois le livre fermé ce qui me vient à l'esprit est : et alors ?