8/10Le Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants

/ Critique - écrit par nazonfly, le 12/03/2010
Notre verdict : 8/10 - Chevalier de l'opéra (Fiche technique)

Un chat intelligent, des rongeurs savants et un gamin à l'air bête sont au menu de cette nouvelle incursion sur le Disque Monde. A déguster avec une soupe de queues de rats.

Tout le monde connaît sans doute l'histoire du joueur de flûtes de Hamelin, un chasseur de rats comme il en existe peu : à condition d'une récompense, il promet de débarrasser une ville de tous ses rats grâce à sa flûte charmeuse. Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants est aussi une histoire de joueur de flûtes et de rats. Evidemment chez Pratchett le conte prend une toute autre saveur.

Maurice tu pousses le bouchon un peu trop loin

Au début de ce récit, nous faisons la connaissance d'un jeune homme à l'air passablement idiot accompagné de Maurice qui n'est bizarrement pas sa femme. Les deux font route à bord de la malle-poste vers Uberwald, un pays lointain, au-delà même de Lancre (voir Carpe jugulum). En chemin, ils parlent de faire fortune dans la sauvage contrée, loin de Sto Lat, loin de Pseudopolis où ils sont sur la liste noire du guet. Car Maurice et le gamin à l'air idiot, surtout Maurice d'ailleurs, ont monté un stratagème ingénieux pour gagner rapidement et facilement de l'argent : ils se font payer en tant que chasseurs de rats grâce aux talents musicaux du jeune homme. Comme dans le conte du joueur de flûte de Hamelin si Maurice n'avait pas une particularité étonnante : il sait parler. Qu'y a-t-il d'extraordinaire, me direz-vous ? Pas grand chose si ce n'est que Maurice est un chat, un gros chat certes, mais un chat quand même. Et les chats ne sont pas franchement connus pour leur parler. Du reste, il n'est pas le seul animal parlant de Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants puisque les rongeurs en question, des rats, se sont aussi découverts des capacités d'élocution inespérées. Sans doute est-ce le fait de traîner sur le tas d'ordure derrière l'Université Invisible qui les a durablement transformés.

Queues de rats

Et c'est ainsi que les rats, le joueur de flûte et Maurice ont monté une gigantesque supercherie, les premiers effraient les villageois, le deuxième les sauve grâce à sa flûte et le dernier se dore la pilule, on est un chat ou on ne l'est pas ! Mais la magie ayant amené une certaine conscience dans leurs cerveaux, la déontologie les rattrape et ils décident de monter une dernier coup à Bad Igoince, en Uberwald, avant de se ranger définitivement. Mais les choses ne se passent comme il se devrait. Les villageois sont pauvres et affamés par des rats dont Maurice et ses amis ne retrouvent pas la trace. Accompagnés d'une conteuse à moitié folle, rats, chat et gamin vont tenter de débrouiller ce délicat écheveau de queue de rats.

Pas dans les Annales et pourtant

Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants ne fait pas à proprement parler des Annales du Disque Monde. On n'y croise d'ailleurs aucune des figures habituelles de l'œuvre de Pratchett. Si les absences des sorcières de Lancre, des mages de l'Université Invisible ou du Guet d'Ankh-Morpork semblent assez normales dans le lointain pays d'Uberwald, l'absence de la Mort, et plus encore de la Mort aux Rats, est plus étonnante. Comme si l'auteur s'était servi d'une partie de son monde pour ce one-shot, le Disque Monde n'est même pas mentionné en tant que tel. Heureusement l'imagination fertile de Pratchett est toujours présente, même si le livre semble presque sage en comparaison du foisonnement des Annales. Si l'on excepte bien sûr les rats qui font des claquettes et les adolescentes à l'esprit échauffé à force de contes.

Chez Pratchett, les volumes ne se suivent pas, mais se ressemblent quand même. En dehors des Annales, Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants est une nouvelle fois une belle découverte. Mais pouvait-il en être autrement de la part d'un des auteurs majeurs du fantastique contemporain ?