6/10L'Etoile et le fouet

/ Critique - écrit par Kei, le 09/02/2006
Notre verdict : 6/10 - Apres Star Wars, Star wipes ! (Fiche technique)

Frank Herbert fait partie des quelques noms qui font bondir les amateurs de SF. Auteur culte dans le (pas si) petit milieu de la Science Fiction pour avoir écrit Dune, il est l'un des trois auteurs de Science Fiction (avec Georges Orwell et Aldous Huxley) que les lycéens peuvent citer au bac de français. Dune est considéré comme une oeuvre littéraire majeure, et au pays du protectionnisme culturel, ce n'est pas rien.
Mais Herbert n'a pas écrit que cette géniale fresque spatiale. Il avait auparavant écrit des nouvelles, et des romans plus court. L'étoile et le fouet est l'un d'eux. Et si on n'en entend pas beaucoup parler, ce n'est pas pour rien.

Dans un univers lointain, très lointain, les déplacements entre planètes sont rendus possibles par les couloirs Calibans. Mais depuis peu, ceux qui les utilisent perdent la mémoire, où disparaissent purement et simplement. Le problème, c'est que personne ne sait comment marchent ces fameux couloirs, sauf bien sur les calibans, ces entités que l'on ne peut voir ni toucher, et qui ont toutes disparu. Alors quand l'une d'entre elle, la dernière, est trouvée sur une plage, le bureau du sabotage dépeche son élément le plus brillant, McKie, sur place afin d'éclaircir un peu le mystère.

Herbert se penche ici sur le problème de la communication : les calibans et les hommes n'ont aucun point commun, que ce soit au niveau du langage, de la culture ou même des plans de matérialités. Pour un humain, un caliban est un dieu, une entité surpuissante, mais avec laquelle on ne sait pas communiquer. Une bonne partie du livre (un tiers environ, mais étalé sur la totalité de l'histoire) ne correspond qu'a ces tentatives de dialogues, souvent infructueux, parfois stériles, mais toujours compliqués voir impossibles à comprendre. Et c'est sans doute là le seul véritable point faible du roman. Mais quel point faible ! Il rend le livre très difficile d'accès, difficile à lire, difficile à comprendre et ôte une bonne partie du plaisir de lecture. Et tout cela en dépit d'une véritable virtuosité dans la construction des dialogues. Herbert arrive à rendre très bien ce que pourraient être les problèmes de communication avec une autre espèce, en jouant sur les niveaux de langue, sur le sens des mots, l'absence de grammaire etc. On sent que l'auteur maîtrise la langue et qu'il joue avec. Malheureusement, cela se fait au détriment du plaisir du lecteur normal.

C'est d'autant plus dommage que le livre est par ailleurs grandiose : entre les races qui sont toutes introduites subtilement et qui possèdent plus que des particularités (on sent qu'elles n'ont rien à voir avec des humains), le bureau du sabotage (et le pourquoi de sa création) et les personnages cohérents, attachants et ayant une vraie personnalité, on trouve difficilement des défauts.

Pour ceux qui sont intéressés par ce livre, il faut savoir que ce n'est que le premier volet d'une trilogie en deux tomes (Herbert plus fort que Adams) appelé le cycle des Saboteurs. Le deuxième tome s'appelle Dosadi, et il continue sur le thème de la communication.

Pour conclure, L'étoile et le fouet est un bon roman, mais il ne faut pas l'aborder dans l'optique de se divertir, le thème ne permettant pas vraiment de se reposer l'esprit.