7.5/10Les Dieux eux-mêmes

/ Critique - écrit par ReZ, le 02/10/2003
Notre verdict : 7.5/10 - Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain (Fiche technique)

Nous sommes en 2070 sur Terre, un physicien médiocre du nom de Frederick Hallam a, par chance, découvert un moyen de bénéficier d'une énergie illimitée, gratuite et non polluante. Il a en effet été "contacté" par les habitants d'un univers parallèle au nôtre et, ceux-ci ayant trouvé le moyen de réaliser des échanges d'électrons d'un univers à l'autre, Hallam a pu entamer la mise en oeuvre d'une Pompe à Electrons, dont il s'attribue tout le mérite alors que ce sont les para-hommes qui en sont les auteurs. Débute alors une période de prospérité sur Terre où la production d'énergie est devenue gratuite: les hommes sont heureux. Cependant, Peter Lamont, un éminent scientifique terrien s'aperçoit d'une terrible menace, les échanges d'electrons d'un univers à l'autre produisent des modifications des lois naturelles des univers qui risqueraient de faire exploser notre Soleil. Problème: Comment faire comprendre aux hommes que cette source d'opulence qu'est la pompe à électrons est également une terrible menace ? Contre la stupidité, les Dieux eux-mêmes luttent en vain... Voila ce que l'on retiendra du comportement des hommes.

Le livre est divisé en trois parties, nous entrainant tour à tour sur Terre, dans le para-univers et sur la Lune où nous assiterons à la lutte désespérée de Lamont, un physicien plus clairvoyant que ses pairs, de Dua, une extra-terrestre altruiste ne pouvant se résoudre à la destruction d'un univers habité pour sauver le sien, et de Séléné, une lunariste intuitionniste cherchant à faire triompher la vérité.

Le tour de force qu'a réalisé Asimov dans ce livre est la description d'extraterrestres vraiment originaux, au mode de vie réellement inédit et absolument pas calqué sur les hommes, comme on en a l'habitude avec les éternels petits hommes verts (ou gris), mais néanmoins plausible. La partie du livre se déroulant dans le para-univers est donc très originale et intéressante à lire, même si assez déroutante au départ. La partie se déroulant sur Terre est quant à elle plus indigeste, elle a pour but d'amorcer l'histoire en prenant pour point de départ la découverte de la Pompe, cependant, comme à son habitude Asimov s'attarde sur les détails d'ordre technique avec son style assez rude et scientifique plus ici encore que dans Fondation ou Les Robots, ce qui peut en rebuter plus d'un. Enfin, la partie sur la Lune, plus divertissante, nous décrit le mode de vie sur la Lune et les difficultés qu'imposerait la gravité six fois moins importante à une éventuelle colonie et même si Asimov repart sur la fin dans ses délires scientifiques, elle reste intéressante du point de vue du dénouement du conflit.

Asimov prouve, encore une fois avec ce livre, sa capacité d'innovation grâce à ses extraterrestres non humanoïdes, il conserve cependant ses défauts à savoir son style un peu rude et ses délires scientifiques pouvant rebuter le profane. Je trouve de plus que de nombreux points sont laissés obscurs à la fin, alors qu'il aurait été intéressant de les travailler... mais peut-être serait-on alors tombé dans le n'importe quoi. Donc ce livre est à découvrir pour tous ceux qui connaissent Asimov et qui l'apprécient, pour les autres je conseillerai quelque chose de plus facile et concret pour commencer, Les Robots par exemple.