Dictionnaire du nouveau

Krinein, c’est bien connu, est une terre d’asile pour les jeux de mots de tous poils, du plus sophistiqué au plus désespérant. Difficile alors de passer à côté de ce Dictionnaire du Nouveau, une initiative du site Internet LeS dOiGtS bLeUs (oui oui, avec cette typographie).

Mais hélas, difficile aussi d’en parler, puisque d’histoire il n’y a point : le contenu, comme son nom l’indique, est un recensement de mots nouveaux, néologismes, jeux de mots et calembours, que l’on doit à une cinquantaine de contributeurs et dont la qualité se révèle forcément très inégale.

La démarche, on la doit à Keyvan Sayar, québécois de son état et artisan du site LeS dOiGtS bLeUs depuis 1999. Amusante proposition d’enrichir la langue française, mais surtout de divertir le lecteur, elle donne naissance à un recueil extrêmement hétéroclite où l’on trouve aussi bien de (rares) vraies propositions de vocabulaire (« croqueler : v.t. action de croquer de la nourriture tout en la lissant par un mouvement potellaire de la langue ») que des gags purs et durs (« crapitalisme : n.m. système économique dans lequel l’unité d’échange est le crapaud. »).
Inutile de dire que le nombre invraisemblablement élevé de contributeurs impliqués empêche à l’ensemble de posséder une quelconque unité (la seule tentative est le rapprochement du premier [« aaaa »] et du dernier mot [« zzzz »]…). La qualité de l’humour est elle aussi tellement aléatoire que, selon vos goûts et l’ordre dans lequel vous les lirez, vous passerez de la définition la plus hilarante (un favori personnel : « exaspirer : v.t. provoquer chez quelqu’un un violent sentiment d’impatience qui l’entourbillonne, le cisaille et lui donne l’impression de l’aspirer dans l’intérieur du dehors de lui-même. ») à la plus perplexisante (« octèbre : n.m. premier jour du mois d’octobre. »). Et non, l’adjectif perplexisant n’existe pas.

Le Dictionnaire du nouveau est une lecture absolument pas indispensable mais plutôt rafraîchissante et sympathique (les bénéfices nés de la vente du livre sont reversés à une association d’alphabétisation), animée par la simple volonté d’appliquer le terme suivant, sans doute défini par Keyvan Sayar lui-même :

néologisation : n.f. acte de poétiser les dictionnaires (selon l’article 3 de mon code de vie: “le droit à la néologisation est un droit inaliénable”). « Ben alors Patoune, qu’est-ce que tu fous ? Tout le monde t’attend pour commencer ! Les tripes vont refroidir !- Attends môman j’arrive tidsite, j’suis juste en train de faire une néologisation du pitit larousse avec mes crayons de couleur ! »