9/10Demain, une oasis

/ Critique - écrit par Kei, le 13/11/2006
Notre verdict : 9/10 - et demain, on se bouge les fesses ? (Fiche technique)

Tags : ayerdhal livres livre science romans litterature oasis

Il y a des livres qui vous marquent. Vous les avez lu une fois, par hasard, et depuis vous en parlez à tout le monde. Si quelqu'un vous demande un nom, vous lui donnez celui de ce livre. Même s'il n'est pas une référence reconnue de tous, même si personne autour de vous ne l'a jamais lu et que personne n'en a jamais entendu parler. Ce livre, vous lui vouez une sorte de culte, c'est devenu dans votre esprit une sorte de chimère, un idéal inaccessible par d'autres livres.
Songez maintenant que pour moi, ce livre s'appelle Demain, une oasis, qu'il 'agit d'un livre lu juste après Dune, et que le souvenir que j'en garde est bien plus vivant que celui du chef d'oeuvre de Franck Herbert. Sachez que ce livre, qui était auparavant disponible en poche est devenu ces deux dernières années absolument introuvable, que ce soit chez les bouquinistes, les libraires, les sites de vente en ligne et les sites de vente d'occasion. Imaginez enfin le plaisir que j'ai pu avoir lorsque j'ai appris que les éditions
Au Diable Vauvert allaient ré-éditer ce roman.

Demain, une oasis est un roman humaniste, bien que la plupart de la presse s'accorde pour placer l'adjectif "écologiste" comme principal qualificatif. Il raconte l'histoire d'un homme, fonctionnaire à la paye indécente payé à trier des chiffres dans les bas-fonds d'une organisation s'occupant de la conquête spatiale (laquelle est bien avancée, puisque l'on vit sur toutes les planètes du système solaire ou presque). Un homme enlevé chez lui, malmené et relâché en Afrique, où on le lui laisse pas d'autre choix que celui de participer très activement à une mission humanitaire de tout premier plan, non coordonnée par une ONG, celles ci ayant depuis longtemps perdu tout intérêt pour l'Afrique. Une organisation sans cadre juridique qualifiée de terroriste de par les moyens qu'elle emploie, mais qui est très certainement la seule chose qui empêche des centaines de milliers de personne de mourir de la misère la plus totale. Ce roman est aussi l'histoire de la révolte de cet homme et de sa prise de conscience.

Certes, le message est écologiste et engagé. Ayerdhal dresse ici un portrait probable de notre planète dans une cinquantaine d'année, à travers les conséquence de notre négligence et de notre comportement vis à vis de l'environnement. Mais cet aspect n'est qu'une toile de fond pour parler des terribles retombées humanitaire qui ne manqueront pas d'avoir lieu. Et si je qualifie ce roman d'humaniste et non pas d'humanitaire, c'est bien parce qu'il parle des hommes et des femmes qui se battent sur le terrain avec des armes dérisoire contre ces catastrophes. Et qu'il le fait d'une manière particulièrement touchante. Le récit à la première personne fait sur un ton assez familier nous immerge totalement dans l'aventure, et les débordement de colère du narrateur, qui créent de vraies coupures dans l'histoire n'en sonnent que plus juste, au point de nous indigner envers ces gouvernements qui laissent mourir tant de gens. Et n'importe quel lecteur aura tôt fait de faire un parallèle entre la fiction et la réalité d'aujourd'hui. On ressort de cette lecture extrêmement ému par ce combat, mais aussi et surtout révolté par notre passivité à nous, simples lecteurs, devant les drames qui se passent dans le tiers monde.

D'un point de vue plus littéraire, on peu regretter la simplicité apparente avec laquelle se déroulent les événements. On pourrait penser que L'interne ai plus de difficulté avec le climat, ou que les gens qui apportent de l'aide tombent eux aussi malade (en dépit des soins dont ils disposent). Mais ces petits point négatif n'enlèvent en rien de sa qualité au roman. Il s'agit d'une fiction, pas d'un documentaire.

Demain, une oasis est un chef d'oeuvre, un roman à posséder absolument pour le mettre entre toutes les mains. C'est aussi un roman court, qui se lit d'une traite, sans que l'on voit le temps passer.