Contrecoup
Livres / Critique - écrit par Kassad, le 12/04/2005 (Tags : contrecoup anglais francais dictionnaire choc consequence repercussion
L'avantage quand on est romancier est que l'on peut tout se permettre. Nicholson Baker n'y va pas par quatre chemins et se fait plaisir dans Contrecoup : il ne propose rien de moins que de tuer eorge Bush fils. Il s'agit en fait de la discussion entre deux amis dans une chambre d'hôtel. Ben et Jay sont amis de longue date. Jay demande à Ben de venir le voir pour lui faire une confession. Il lui apprend qu'il a décidé de tuer le président des Etats-Unis. Ben va essayer de le dissaduer par tous les moyens.
Cette situation permet bien entendu à Baker de régler ses comptes avec l'Amérique bushienne. De la guerre en Irak aux avortements en passant par les "faucons" de Washington qui tirent tous azimuts, il y a peu de sujets polémiques qui échappent à l'auteur. En première approximation, je dirais que Contrecoup est la version réussie de Millenium People.
Ce qui est impressionnant est que dans un roman qui est presque une nouvelle (le récit tient sur une petite centaine de pages format réduit), Baker ne tombe jamais dans la facilité. Ainsi les points de vues des deux acteurs forment un mélange subtil de vérité, de contre-vérités plus ou moins bien assumées, de propagande pure et simple, etc. Ben, notamment, utilise toutes les cartes imaginables pour dissuader Jay, des plus raisonnables aux moins avouables. Le résultat est que le lecteur ne sait pas sur quel pied danser. Quel message veut transmettre l'auteur : anti ou pro-Bush ? La réponse n'est pas aussi immédiate qu'il y paraît : la folie de Jay discrédite une partie de son discours, et les arguments de Ben sont parfois à double tranchant. En tous cas on ne peut que saluer l'indépendance d'esprit dont fait preuve Baker, et que le suivre dans les réflexions qu'il induit.