8/10La Compagnie noire

/ Critique - écrit par Val Lazare, le 26/03/2004
Notre verdict : 8/10 - Une Glen de champion! (Fiche technique)

Jadis, le Dominateur et la Dame, soutenus par leurs Asservis, entreprirent d'étendre leur joug sur les terres connues. Repoussés, la Dame parvint néanmoins à rejoindre le monde des vivants pour rejouer les Drames d'antan.
La Compagnie Noire est quant à elle une troupe de mercenaires. Les historiens en font remonter l'existence aux temps immémoriaux. Fidèle à sa réputation, la Compagnie Noire ne sert qu'une cause, la sienne ; et ne répond qu'à un seul moyen, l'argent.

Au service de la Dame, la Compagnie va finalement affronter les séides du couple ténébreux, les Asservis. Ayant pris pour amant l'actuel leader de la compagnie, Toubib, la Dame va en effet perdre ses désirs d'entropie pour lutter contre les gardiens des Portes D'Ombre, ses anciens serviteurs.

Ainsi commence Elle Est Les Ténèbres, le premier tome narrant les faits d'arme de la Compagnie Noire. La trame de cette saga est simple et qui s'en plaindra ? Car Glen Cook exerce ici une plume des plus originales. Elle Est Les Ténèbres est un roman de dark fantasy. Sous une époque médiévale fantastique, une poignée de héros opportunistes, dont on ne sait s'ils sont finalement mauvais ou très mauvais vont se disperser en intrigues pour avancer leur pion ou tout simplement pour survivre. De descriptions, fort peu. Cook prend un malin plaisir à nous noyer sous les faits sans nous dire ce qui se trame dessous... logique quand le narrateur n'est autre que l'annaliste de la Compagnie. Ainsi, il nous faudra bien 150 pages avant de cerner les personnalités qui hantent la Compagnie Noire : Toubib, Murgen, Qu'un Œil, Le Hurleur, Saul Cygne, Oncle Doj, Lame, Narayan Singh... des marioles qui essaient de sauver leurs peaux face à un sorcier complètement fébrile projetant, une fois n'est pas coutume, de dominer le monde ; une déesse brûlant de revenir à la vie ; des mercenaires voulant rejoindre le pays mythique d'où serait originaire la Compagnie et le reste n'ayant qu'une envie : se débarrasser des entités sus-citées.

Glen Cook réussit parfaitement à éviter la redite du récit fantastique habituel. Si sa fantasy est joliment dark, c'est assurément par l'utilisation d'un ton familier, parfois vulgaire, tout à fait propice à diffuser l'ironie, le réalisme et l'humour d'une compagnie de mercenaires légèrement paranos. Dès lors, je ne peux m'empêcher de comparer la prose d'un Cook à celle d'un Ellroy : incisive.

Agréable à lire, frais, noir.