9.5/10Bilbo le hobbit

/ Critique - écrit par nazonfly, le 13/05/2009
Notre verdict : 9.5/10 - Faërique ! (Fiche technique)

Tags : hobbit bilbo tolkien livre nains seigneur anneaux

Bilbo le hobbit est un joyeux conte de fées célébrant la bonne chère et la vie, avec toujours un peu d'aventure pour pimenter le tout.

In a hole in the ground there lived a hobbit. C'est par ces mots que le monde découvrit John Ronald Reuel Tolkien et avec lui la Terre du Milieu et le monde des hobbits, ces petits êtres aux pieds poilus, bedonnants, tranquilles et fuyant à tout prix n'importe quelle aventure qui pourrait leur arriver.

 A l'aventure !

Bilbo le hobbit est justement l'histoire d'un hobbit à qui il arrive, chose exceptionnelle, une aventure. Et pas la moindre ! Tranquillement assis en train de faire des ronds de fumée, Bilbo Baggins (Sacquet en français *), un hobbit à la réputation certaine, va recevoir la visite d'un personnage étrange, le célèbre magicien Gandalf aux feux d'artifice reconnus dans toute la Comté. Cette rencontre scellera le destin de Bilbo puisqu'il va se retrouver embrigadé par une troupe de treize nains dans une chasse au trésor qui le mènera de son petit trou de Bag-End (Cul-de-Sac en français) à la Montagne Solitaire gardée par l'affreux dragon Smaug, en passant par la forêt enchantée de Mirkwood (la Forêt Noire) ou les profondeurs des Montagnes Grises. Il croisera ainsi des hommes-loups, des araignées malfaisantes, des nains aigris, des elfes gouailleurs, des loups diaboliques, mais il jouera aussi au jeu des énigmes, il chevauchera des tonneaux, parlera à des dragons... entre autres. Pour un hobbit respectable, cette aventure est véritablement exceptionnelle et lui permettra de découvrir qu'il dispose de ressources insoupçonnées et d'un courage à toute épreuve, à sa grande surprise et surtout à celle de ses compagnons. On retrouve dans Bilbo le hobbit un thème cher aux histoires d'enfant : le petit être faible dont personne ne tient compte se révèle sous l'adversité. C'est du reste un des thèmes principaux du Seigneur des Anneaux où Frodon/Frodo, neveu de Bilbon/Bilbo, est le sauveur de la Terre du Milieu. Sous la couenne des hobbits, et en filigrane sous celle des enfants et finalement sous celle des hommes en général (Tolkien a toujours dit que Bilbo n'était qu'une version légèrement différente de lui-même), se cache plus que ce qu'on peut voir. De la même façon, on retrouve dans Bilbo le Hobbit un autre thème du Seigneur des Anneaux : le greed. L'appât de l'or pour les nains va finalement causer leur mort, comme l'Anneau pervertit son possesseur.

 Au milieu de la Terre du Milieu

Evidemement Bilbo est surtout la préquelle du Seigneur des Anneaux et se situe dans l'histoire plus générale de la Terre du Milieu. Tolkien voulait donner une mythologie à l'Angleterre et cette Terre du Milieu représente l'Albion des temps anciens, très anciens. Bilbo le Hobbit, écrit en premier (il est sorti en 1937), peut être aujourd'hui considéré comme la première étape dans ce monde fabuleux, dans tous les sens du terme. On y découvre ainsi les hobbits, mais aussi le fameux magicien Gandalf dont l'importance est primordiale dans le Seigneur des Anneaux, les nains au caractère irascible, les abominables gobelins et orcs, ou encore les elfes. On peut d'ailleurs s'étonner du traitement des elfes entre les différentes oeuvres de Tolkien. Ils sont dans le Silmarillion la première race (ou presque), pratiquement l'égale des dieux. Dans le Seigneur des Anneaux, ils sont une race en déclin, même s'ils conservent quelques souvenirs de leur légendaire puissance. Pour le petit Bilbo, à l'écart du monde dans la Comté, les elfes, les dragons et autres orcs ne sont que de lointains souvenirs, pratiquement oubliés. Un processus qui se terminera dans le Seigneur des anneaux par leur départ pour l'Ouest. Mais plus que la rencontre avec les elfes légers et enchanteurs, plus que la rencontre avec les nains irascibles et attirés par l'or, l'un des grands moments de Bilbo le Hobbit est la rencontre avec un être malingre, aux yeux globuleux et grand amateur de poissssssssssons : le fameux Gollum et son non-moins fameux Précieux qui prendront une importance plus que considérable dans le Seigneur des Anneaux.

 

Si le Seigneur des Anneaux est l'oeuvre majeure de Tolkien et l'inspiration de nombreux auteurs d'heroic fantasy, Bilbo le Hobbit annonce le chef d'oeuvre et les thèmes chers à Tolkien : de la victoire des petits contre les puissants à la corruption du pouvoir et de l'appât du gain, des thèmes sans doute inspirés par l'éducation catholique. Mais plus qu'une pré-version du Seigneur des Anneaux, Bilbo le Hobbit est un magnifique livre à part entière, un conte de fée exaltant les valeurs de son auteur : la bonne chère, une bonne pipe et parfois un peu d'aventure.

 

* Contrairement au Seigneur des Anneaux où les noms utilisés sont pour la plupart francisés, Bilbo le hobbit laisse une grande part aux versions originales. Ainsi Bilbo reste Baggins et ne devient pas Sacquet, Mirkwood est dénommée comme telle et pas comme la Forêt Noire.